C'est la 3e fois que le musée des Confluences aborde l'Antarctique mais ce n'est pas la plus réussie. Déjà en 2016, pour Antarctica, le cinéaste Luc Jacquet proposait ses images tournées en Terre Adélie pour une expo aussi immersive. Mais là, l'immersion tourne court. Cinq grands écrans dont un à quatre faces tournantes, sont le réceptacle d'une séquence de 40 minutes en noir et blanc entrecoupée d'invitations à fermer les yeux pour mieux se laisser transporter par les sons de la nature. Du canal de Patagonie au cœur des glaciers, le voyage va vers le blanc mais cette contemplation est une sorte de séance de méditation qui laisse sur sa fin pour peu que l'on n'entre pas en sensibilité avec ce dispositif assez simple autour duquel sont projetées quelques citations d'explorateurs. Ce sont eux qui nous manquent ici et que le parcours de 2015, À la conquête du pôle Sud, avait si bien décrit entre les aventures épiques de Robert Scott et celles de Roald Amundsen au début du XXe siècle. Ce n'est certes pas l'objet mais l'approche de ces terres hostiles était plus prégnante. Toutefois, en introduction de cette nouvelle expo, c'est une simple vidéo de quelques minutes qui retient toute notre attention, présentant les différentes cartes inventées à celles scientifiquement rigoureuses. Elles racontent implacablement comment ce bout du monde a été une matière à fantasmes, des années 1000 en passant par les Ptolémée – quand la Terra Incognita commence au milieu de l'Afrique (!) – à sa disparition des planisphères fin XVIIIe quand le capitaine Cook, bloqué par les glaces n'atteint pas le continent austral et en déduit son inexistence. Cette terre fait son retour quelques décennies plus tard pour être de plus en plus précisément représentée.
Terra Incognita, au musée des Confluences, jusqu'au 3 mars