Occult rock / Deux ans après l'ensorcelant live au Périscope, Aluk Todolo revient rendre hommage à son public lyonnais avec un nouveau rituel obscur dans la cale du Sonic.
Assister à un concert de Aluk Todolo est loin d'être une expérience anodine. Chaque live du trio grenoblois s'apparente à une véritable expérience de transcendance, capable d'arracher de la simple routine quotidienne pour propulser dans un maelström obscur, puissant et totalisant : on ne ressort jamais indemne de l'exercice d'une telle violence.
Résonances archaïques
Leur nom évoque un culte animiste et préchrétien d'une région montagneuse du sud de l'île de Sulawesi en Indonésie que l'on pourrait traduire par « la voie des ancêtres » ou « les anciennes croyances » : un horizon ésotérique dissimulant des connaissances transmises aux initiés et dont la traduction sonore assume chez le trio grenoblois les contours d'un rituel totalisant, dissonant et massif.
Occultisme sonore
La recette de la concoction sonore du groupe tient du secret alchimique. S'il est possible de reconnaitre certains ingrédients — tels un krautrock profané, du harsh noise, du rock psyché et du black metal — seuls les trois sorciers originaires de l'ancestral bourg gaulois de Cularo possèdent l'hermétique savoir des doses et du dernier et mystérieux élément secret.
Une musique des profondeurs ésotériques marquée dès le premier concert par cette désignation signifiante qui ne nécessite aucun éclaircissement ultérieur : occult rock.
Depuis vingt ans, Aluk Todolo livre des live magiques (terme à prendre au pied de la lettre) où la séduction va de pair avec la razzia émotionnelle. S'il y a quelque temps Antoine Hadjioannou, le batteur du groupe, avait affirmé au magazine Le Drone « Il y a deux types de public qui viennent à nos concerts : ceux qui méditent, et ceux qui se laissent aller à l'hystérie », faire le choix de monter à bord du Sonic pour descendre dans l'obscurité du tourbillon sonore signifie s'abandonner à une découverte de soi qui pourrait s'avérer bouleversante.
Catharsis des ténèbres
Les rituels sonores se déroulent sous la bénédiction de la première lettre de l'alphabet Énochien, le mystérieux « langage des anges » dont les premières traces apparaissent dans les manuscrits des occultistes anglais du XVIe siècle John Dee et Edward Kelley.
Plus intimiste et contemplatif d'Oranssi Pazuzu et voisinant la monumentalité massive de Sunn O))), Aluk Todolo agit dans les plis de visibilité et du savoir, tramant une conspiration esthétique totale et libératrice.
Aluk Todolo + Deleuze 909
Au Sonic le mercredi 15 mai