10 ans d'impro totale 

Célébration / L'improvidence, théâtre proposant uniquement du théâtre d'improvisation, fête ses dix ans. À la fois intimiste et populaire, la petite salle située au cœur de la Guillotière souffle ses bougies en remontant dix des plus beaux moments d'improvisation de son histoire.

« Aujourd'hui encore je suis saisi par la magie d'une bonne impro, par la générosité de l'échange entre public et comédiens » : Thomas Debray a découvert l'improvisation en 2006 à l'espace Gerson. Instantanément habité par la discipline, il a multiplié les stages dans la région avant de se rendre à Chicago deux étés, où la discipline a explosé en 1959 et continue aujourd'hui de remplir les théâtres. « Je regrettais qu'à Lyon, il n'y ait pas de lieu dédié à l'impro. Les théâtres programmaient de l'improvisation les mardis soirs parce que du mercredi au samedi, il y avait les décors des pièces de théâtre. Sinon il fallait jouer dans les bars, sur les péniches... » Thomas Debray souhaitait donner de la visibilité à la discipline et accompagner les comédiens. « Dans mon entourage, on n'y croyait pas trop, à cause des préjugés sur l'impro qui est parfois vue comme du théâtre de cabotinage amateur », se remémore-t-il. Il ne s'est pourtant pas laissé démonter.

Thomas Debray ©LS/PetitBulletin

Uniques en France

L'Improvidence a ouvert ses portes en 2014, en lieu et place de l'ancien garage d'un immeuble. Depuis, le théâtre n'a pas désempli. Tant et si bien qu'un second théâtre, L'Improvidence est né à Bordeaux quelques années plus tard. Un bel hommage, car « le premier spectacle d'improvisation joué sur le sol français, c'était la ligue nationale d'improvisation, en 1982 à Bordeaux », détaille Thomas Debray. Il s'agissait alors de matchs d'impro, dans la tradition canadienne.

Il a fallu attendre les années 2000 pour que le monde de l'impro se structure en France, chaque région montant sa propre ligue d'improvisation. « C'était souvent des comédiens de théâtre spécialisés en impro. On peut citer la Lily à Lyon, qu'on accueille depuis le premier jour. Pour les dix ans de l'Improvidence, ils viendront jouer Balcon, un Roméo et Juliette plus actuel », décrit Thomas Debray.

Perpétuelle évolution

À L'Improvidence, 80% des spectacles sont joués par des professionnels, représentant un joli échantillon des compagnies sillonnant le pays. « Nos deux théâtres sont les seuls qui programment uniquement de l'improvisation en France », précise Thomas Debray. Il décrit pourtant un public particulièrement demandeur : « Les spectacles sont souvent complets, et les publics variés. Il y a les mordus d'impro, évidemment, qui font confiance à notre programmation, mais aussi les primo-accédants au théâtre, qui ne vont pas forcément aux Célestins et qui viennent pour le côté festif. Ils se prennent une claque de réflexivité et reviennent. Ils finissent souvent par passer les portes d'un théâtre plus classique. »

Les improvisateurs se seraient multipliés, certains issus d'écoles de théâtre, d'autres non. « Les thématiques aussi évoluent, le propos artistique correspond aux aspirations de la société, du public », déclare Thomas Debray qui cite par exemple le spectacle de Simon Garnès Ça handi long abordant les handicaps visibles et invisibles, la différence et l'indifférence.

Des thématiques qui seront représentées durant ces dix semaines célébrant les dix ans du théâtre. On vous conseille Cabaret chez madame, performé par des drag queens à la fois touchantes et désopilantes (vendredi 18 octobre) mais aussi Persona (datant de 2018, joué le samedi 19 octobre) et remonté par la compagnie Les Parvenus : un repas de famille servant de joli laboratoire des relations humaines. Cathartique.

L'impro à voir et à pratiquer
À partir de 2016, les comédiens de L'Improvidence ont donné des cours dans leurs murs, proposant des "baptêmes d'impro" gratuits tous les vendredis soirs. Très vite, des demandes ont émergé du privé : teambuildings, formations d'entreprise, particulièrement après le covid. Thomas Debray a acquis le local juste en face du théâtre et l'a transformé en école d'improvisation : « on travaille l'humour, la mise à distance, l'agilité comportementale, des choses qui aident dans la vie de tous les jours », détaille-t-il. Par la suite, L'Improvidence a intégré le dispositif Le Trophée des collèges pour donner des cours aux élèves de l'éducation prioritaire, même chose en EPIDE (établissement dédié à l'insertion), auprès des missions locales, à la Cité éducative... le tout participant à salarier 15 intermittents du spectacle à temps plein, et cinq salariés administrant et gérant la structure.

Les dix ans de l'Improvidence
Du 2 octobre au 21 décembre, à l'Improvidence (Lyon 3ᵉ) ; de 12 à 23 €

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