Fable écologique / Une fable écolo de plus ? Oui mais non. Le Temps des fins de Guillaume Cayet est une ambitieuse création théâtrale onirique qui s'appuie sur le récit d'une ZAD.
Depuis sa création en mai dernier au CDN de Valence, Guillaume Cayet a resserré sa pièce de presque une demi-heure, annonçant 2h05 au compteur. Il a ainsi paré à sa faiblesse : celle de diluer parfois son propos, par ailleurs d'une vraie densité. Cet auteur de 34 ans formé à l'ENSATT est aujourd'hui un artiste reconnu – son Grès passé l'an dernier aux Célestins avait marqué par sa sécheresse (un docile vigile de centre commercial gagné par une légitime révolte). Dans Le Temps des fins, il reprend à son compte une expression du philosophe germano-autrichien Günthers Anders affirmant qu' « il semble plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ».
Romanesque mais concret
Au cours d'un prologue sous forme de vidéo, un homme coupe des arbres et devient roi. Détruire pour mieux régner. Le ton est ainsi donné à ce triptyque immergé dans une forêt mettant en scène un récit de chasse dans le premier des trois volets, des activistes empêchant la construction d'une centrale nucléaire dans le suivant et une étrange famille désunie pour terminer (père survivaliste, ado militante écologiste et mère millénariste). Les compositions electro-rock d'Anne Paceo, la présence d'une chorale amateure qui fait le lien entre les actes, le travail sur les objets marionnettes animales : tout amplifie une langue oscillant entre le romanesque et le très concret – il est question des LBD qui tuent dans la partie 2. Même dans ce grand format où il convoque les effets du théâtre, Guillaume Cayet tient sa garde.
Le Temps des fins
Les 12 et 14 novembre au théâtre du Point du Jour ; de 5 à 18€