De et avec Cristi Puiu (Roumanie, 3h01) avec Clara Voda...
On pensait vraiment qu'aucun distributeur ne serait suffisamment kamikaze pour sortir le nouveau film du réalisateur de La Mort de Dante Lazarescu. Sa présentation cannoise (il y a deux ans !) fut un drôle de moment, la salle se vidant durant les deux premières heures, ne laissant que quelques entêtés pour subir la dernière. Car il faut bien le dire, Aurora est un vrai challenge pour le spectateur : il ne s'y passe quasiment rien, un homme mutique et inexpressif, mal remis de son divorce, erre sans but dans la grisaille roumaine le long de routes et de voies ferrées, déménageant longuement son appartement et, plus rarement, commettant quelques meurtres, filmés de manière anti-spectaculaire. Fascinant ? Non, car le film est littéralement plombé par son nihilisme misanthrope, et son jeu sur le temps réel ressemblant à une caricature du nouveau cinéma roumain (qu'on aime tant, pourtant !). Une sorte de suicide artistique absolu, que même le défenseur le plus hardcore du cinéma d'auteur contemplatif aura du mal à défendre.
Christophe Chabert