Le fleurissement d'affiches promouvant la prochaine date lyonnaise des Lascars Gays nous le rappelle depuis quelques jours encore plus sûrement que les happenings des manifestants contre le mariage pour tous : lorsque l'homosexualité s'invite dans une mise en scène à vocation humoristique, elle le fait presque systématiquement avec balourdise et/ou paresse. Loving Out, la dernière création de Jocelyn Flipo et son complice Léon Vitale, qui avec Dans ta bulle nous avaient fait prendre conscience que le café-théâtre pouvait remuer les tripes autant que le diaphragme, est une très heureuse exception à cette règle. Principalement parce que l'homosexualité n'y est qu'un thème secondaire. Le vrai sujet de la pièce, c'est l'amour, en l'occurrence celui que se découvre Romain, galeriste hétéro dans la trentaine, tardivement dépucelé et depuis célibataire, pour Léo, adonis d'à peine vingt ans qui n'aime rien tant que faire la bringue en toge avec ses colocs. Un synopsis qui ne paye pas de mine dont les metteurs en scène tirent, par le truchement d'astucieux emprunts au cinéma, juste ce qu'il faut de coups de marteau dans le quatrième mur et d'un trio d'interprètes d'une justesse tout-terrain (Mathieu Coniglio, le débutant Rayane Bensetti et Yohan Genin dans les rôles d'un dentiste je-m'en-fichiste et d'un peintre caractériel), l'une des plus attendrissantes et distrayantes comédies romantiques qu'on ait vues, tous supports confondus. Même le plus coincé des riverains d'Ainay ne saurait y rester indifférent.
Benjamin Mialot
Loving Out
aux Tontons Flingueurs, jusqu'au samedi 16 février