Dans la trilogie issue de la collaboration entre Mozart et Da Ponte, Les Noces de Figaro occupent une place de premier rang. L'initiative d'adapter l'ouvrage trublion de Beaumarchais La Folle Journée ou le Mariage de Figaro émane de Mozart lui-même.
Bien qu'édulcorée dans cette commedia per musica, la critique sociale mise en musique par le génial Wolfgang, n'en reste pas moins d'une troublante actualité. Comment ne pas être tenté de transposer au XXIème siècle cette insatiable cupidité des puissants, jamais apaisés dans leur quête de privilèges et de jouissance? En convoitant le maigre bien de «leurs gens», ne sont-ils pas les artisans de leur propre malheur? Oeuvre prémonitoire, Figaro l'est à plus d'un titre, ce qui n'aura pas échappé au metteur en scène Richard Brunel. Pour Jean-Pierre de Beaumarchais, auteur spécialisé dans la biographie de son illustre ancêtre, « le blocage politique interdit de rendre au privilégié les coups qu'il vous porte. La tentation du talion est omniprésente. Le caractère révolutionnaire de la pièce ne procède pas de la défaite finale de l'aristocrate, mais de sa déchéance dès qu'il décide d'entrer dans le jeu de ses valets ».
Aux commandes de cette pépite musicale, Jonathan Cohen, assistant de William Christie, se mettra au service d'une très belle distribution et viendra « redonner le goût » à des choristes et musiciens stéphanois, épuisés par des années d'intrigues... Alain Koenig
Les Noces de Figaro à l'Opéra-Théâtre du 15 au 21 juin.