Si les opéras traduits en français de l'Opéra-Comique vous font toujours hoqueter de rage, si un concerto de Bach joué sur piano moderne vous donne un bouton de fièvre, si l'irrévérence à l'égard des « espagnolades » de Bizet vous rend intolérant au gluten, alors fuyez ! De cette Garonne frondeuse, inondant de son humour vernaculaire les cités du Sud Ouest, ces toulousains ont su exporter cette «pointe d'ail» iconoclaste qui convient finalement si bien à l'Art Lyrique. Un peu de recul donc, messieurs (et mesdames!) les puristes, abonnés du parterre de l'Opéra Bastille, car c'est à l'Opéra-Pastille qu'ils vous convient. Et cette pastille-là n'est pas fabriquée dans les eaux mollement gazéifiées des curistes de Vichy ! Non, ici tout déraille, tout dérape. Rien ne se perd non plus, tout se recycle. Le « O Fortuna » de Carmina Burana échoue chez Michael Jackson dans le parc de Neverland, les aventures d'Aïda et Radamès, débarquent d'Egypte sur Ryanair dans une interprétation surréaliste -et on ne parle pas des costumes-, se définissant comme «acide lyrique». Vous serez donc vertement tancés si l'on vous y prend à ronchonner, bougonner, lever les yeux au ciel. Le diagnostic serait que vous souffrez d'un mal incurable, sauf peut-être à Bayreuth, où paraît-il, l'on peut rencontrer des naïades boulottant des pruneaux (d'Agen) au fond du Rhin, pardon, de la magique Garonne ! Alain Koenig
«Acide Lyrique» par Opéra-Pastile, NEC, Saint-Priest-en-Jarez, 28 avril à 20h