Lorsqu'en 1813, il compose L'Italienne à Alger, Gioachino Rossini subodore-t-il qu'il marque de son sceau un style dont il est le génial instigateur ? Reprenant peu ou prou l'intrigue abracadabrante de L'Enlèvement au Sérail, "turquerie" suprême de l'illustre Wolfgang, il se démarque du "goût" en vogue au XVIIIe siècle. Désormais, il faudra compter avec "l'opera buffa" rossinien, caractérisé par l'attribution à des plébéiens (soubrettes, barbiers ou princesses de pacotille) de la prouesse vocale, jusqu'alors réservée au cénacle des dieux emplumés de la Tragédie Lyrique ! "L'Italienne" débute une longue liste d'opéras à la postérité aujourd'hui assurée : Le Barbier de Séville, Cenerentola, Semiramide, parmi tant d'autres... Avec ce fameux bon-vivant, au tournedos éponyme, mieux vaut savoir vocaliser en apnée, jouer la comédie, être doté d'un puissant organe vocal et articuler sur des paroles évoquant onomatopées ou borborygmes, comme ceux très évocateurs de ce titre. Lionel Sarrazin, mentor d'une intarissable écurie de talents lyriques éblouissants (Stanislas de Barbeyrac, Dominique Magloire, Thomas Bettinger...), nous livrera son dernier prodige en la personne d'Aude Extremo. Tout auréolée, sous la baguette magique de Paul Daniel, de son succès bordelais dans Samson et Dalila, elle campera le personnage haletant d'Isabella, très sollicité par le compositeur aux rouflaquettes bistrées ! Alain Koenig
L'Italienne à Alger, Opéra de Saint-Étienne, du 29 décembre au 3 janvier