Sous l'énigmatique blancheur du cygne, Lohengrin aime, sur terre, la belle et courageuse Elsa. Il doit taire son nom, comme le fit Calaf avec la cruelle, mais "convertible" Turandot. Le faix d'Elsa, lesté par l'intrigante et perverse Ortrud, ne fond que dans la symbiose entre le masculin et le féminin, bien sûr "complémentaires". Daniel Kawka, qui nous téléportera musicalement à Bayreuth, précise aussi : « Toute la phraséologie d'Elsa est une carrure par quatre avec une cohérence dans la ligne, dans le registre, vers les climax. Celle d'Ortrud est en carrures irrégulières, qui font qu'à la fois il y a une confiance, mais aussi une hystérie. Ce qui, chez Elsa, conduit toujours vers les climax de l'amour, Ortrud ne les atteint jamais ». "Théâtre total", ouvrage hypnotique et personnel, Lohengrin fascine autant musicalement que symboliquement. Louis Désiré en fait une lecture scénographique dépoussiérée mais fidèle. Cécile Perrin, vocalement transfigurée, incarne avec sa ténébreuse contrepartie, Catherine Hunold, un idéal duo clair-obscur, tandis que le rôle de Lohengrin exige un Heldentenor en titane. Le choeur partira en quête de son propre Graal dans une redoutable mais sublime partition;
Lohengrin de Wagner, du 9 au 13 juin, à l'Opéra de Saint-Étienne.