"The Mouse and the Mask" (Lex/PIAS)
Danger Mouse n'en finit plus de faire parler de lui. Après un album phénoménal signé chez Lex avec le MC Jemini, un projet culte disponible sur Internet où il remixait ensemble le White Album des Beatles et le Black Album de Jay Z, et enfin son rôle décisif dans la production du dernier (et excellent, on n'avait pas eu l'occasion de le dire) Gorillaz, ce mystérieux activiste hip-hop célèbre ici ses noces provisoires avec MF Doom. Doom, rappeur caché derrière un inquiétant masque de fer (d'où le titre de l'album...), trouve ici un parfait compagnon de bringue pour donner une vraie matière sonore à ses délires incontrôlables. Parcouru par de multiples références aux dessins animés d'Hanna-Barbera, le disque travaille ainsi un rap iconoclaste où les samples rappellent à la fois les cartoons pour enfants et les vieilles séries télé des années 70, tandis que Doom en rajoute une louche en intervenant au téléphone pendant les morceaux pour en offrir une sorte de commentaire décalé. En fait, au milieu des invités habituels de toute bonne production rap qui se respecte (Talib Kweli, gloire un peu révolue du New York underground des 90's, y fait ainsi une belle prestation), c'est toute une galerie de personnages qui vitupèrent des textes au contenu incompréhensible (même quand on les a entre les mains), mais dont l'efficacité reste assez bluffante. Derrière, Danger Mouse sort une fois de plus l'artillerie lourde : on ne voit guère qui, dans le hip-hop d'aujourd'hui, pourrait aller le défier sur le terrain de la créativité sonore, et on rêve d'ores et déjà de futures collaborations avec d'autres MC's géniaux (à quand un DangerDose avec Dose One ?).CC
