Si les méthodes d'enseignement évoluent, certaines données restent inchangées. En tête de liste, les questions liées au logement des étudiants, véritable bête noire de la deuxième ville universitaire française.Dorotée Aznar
Si les techniques d'apprentissage évoluent, il est un domaine où les choses n'avancent guère : Lyon peine à loger ses étudiants. Les premières victimes de cette pénurie sont évidemment ceux qui n'ont pas les moyens de se tourner vers le parc immobilier privé. Sur les 150 000 étudiants accueillis chaque année dans l'Académie de Lyon, on compte environ 29 000 étudiants boursiers. Un nombre relativement stable, même si la réforme du système l'an passé a permis la création d'un sixième échelon et la baisse de l'accès à l'échelon zéro (à l'échelon zéro, les étudiants ne reçoivent aucune aide matérielle mais sont dispensés du paiement des frais d'inscription à l'université et des frais de sécurité sociale étudiante). Pour les étudiants boursiers à Lyon originaires d'autres Académies, et notamment pour ceux dont les parents ont les revenus les plus modestes, le logement en résidence universitaire reste l'option privilégiée. Et c'est là que le bât blesse. Le Crous de Lyon-Saint-Étienne ne propose que 7 300 logements à la location (dont 930 à Saint-Étienne), ce qui place l'Académie de Lyon bien en dessous de la moyenne nationale (8% des étudiants français sont logés dans des résidences du Crous pour seulement 5% dans l'Académie de Lyon). Des mauvais chiffres qu'il faut cependant nuancer. «Nous n'avons pas vocation à loger tous les étudiants, explique Jean-Jacques Genebrier, responsable de la Communication du Crous de Lyon - Saint-Étienne, et si la situation était vraiment très difficile il y a deux ans, on note une certaine amélioration».
Encore un effort
À Lyon, 4 000 nouveaux logements Crous devraient voir le jour entre 2007 et 2013. Sur le campus de la Doua, dans le quartier de Gerland, dans le secteur Villeurbanne Jean Jaurès ou près du rectorat (Lyon 3e). «Ces logements permettraient de répondre à la demande», assure Jean-Jacques Genebrier. Parallèlement aux projets déjà lancés, la recherche de foncier «quasi gratuit» se poursuit. Le Grand Lyon tente également de développer des contacts avec les promoteurs qui déposent des projets de résidences étudiantes privées afin de les inciter à transformer 25% des logements en «logements Crous». En attendant la construction des nouveaux bâtiments, des solutions alternatives sont proposées aux étudiants comme des logements dans des résidences pour personnes âgées, proposés à des tarifs attractifs et en priorité aux étudiants des filières médicales ou sanitaires et sociales (attention, seuls 120 logements sont disponibles dansl'Académie de Lyon) et le Crous propose également un service de «logement en ville» qui met en relation bailleurs privés et étudiants. «Grâce à cette démarche, nous constatons une vraie évolution des mentalités, certains propriétaires étaient frileux et craignaient de louer à des étudiants ou de proposer leurs biens pour des colocations. Or, on constate que les propriétaires qui avaient répondu présents l'an dernier ont de nouveau proposé leurs appartements à la location, c'est un point très positif», se félicite Jean-Jacques Genebrier. La vigilance reste cependant de mise car ces offres ne répondent à aucun critère de prix ou de confort, le Crous se contentant de transmettre les annonces aux étudiants intéressés.
Etrangers à la rue
Pour les étudiants étrangers en revanche, aucune solution en vue. Même si leurs situations sont très diverses, la question du garant se pose systématiquement (les propriétaires refusent souvent de louer un appartement à une personne dont le garant vit dans un autre pays). Le Crous mène des actions visant à sensibiliser les étudiants venant étudier à Lyon de manière isolée, en dehors des systèmes d'échanges universitaires et qui sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés pour se loger. «Nous publions un guide sur les difficultés d'accès au logement et le diffusons largement à l'étranger», détaille Jean-Jacques Genebrier. Si le Crous ne peut bien évidemment pas répondre à toutes les demandes, les étudiants n'ayant à ce jour aucune solution de logement pour l'année universitaire peuvent cependant s'adresser au service social du Crous. Et pour ceux qui peuvent se le permettre, le parc privé propose encore des offres de location. Certaines sont consultables à l'Espace Multiservices Étudiants (Lyon 7e) qui recensait encore 400 offres non pourvues au mois de septembre.