Électro / Étonnant que Barack Obama n'ait jamais cité dans un de ces discours les membres du groupe de rap floridien Yo ! Majesty. Le regard grave, il aurait pu lancer : "j'ai rencontré des jeunes femmes extraordinaires. D'un courage exemplaire. Elles sont noires, homosexuelles, originaires des quartiers de Tampa Bay. Cette histoire est inscrite dans mes gènes et elle dessine le changement d'une nation qui est plus que la somme de ses composantes". Amen. Niveau politique-fiction et idéologie, Shunda K, Shon B et Jwl.B préfèrent coller un coup de latte bien vicieux dans les parties intimes du rap sexiste. Au propre comme au figuré. Le flot épileptique de ce groupe créé en 2006 s'entrechoque sur des instrumentaux flirtant avec punk, funk et crunk, influencés par Georges Clinton, ESG et les Salt'n'Pepa - qu'elles reprennent à l'occasion sur scène (le morceau Push It rebaptisé Kryptonic Pussy - ça promet). La musique crossover de leur premier album Futuristically speaking... Never be afraid (sorti fin septembre) est tout aussi audible dans une cathédrale, un ghettoblaster qu'un club huppé ou loqueteux. Ça tombe plutôt bien. Elles viennent balancer de la rime nerveuse et drôle à la Plateforme. Et pour boucler le plateau, il faudra également compter sur la pop un peu décadente mais plutôt pas mal balancée des Anglais de Metronomy et un set de feu (comme à l'accoutumé) de la pétaradante représentante de la drum'n'bass française Flore.
Antoine Allègre
Echo Sonore 62
Yo ! Majesty + Metronomy + Flore
À la Plateforme, vendredi 14 novembre
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