Les nouveaux Reflets du cinéma ibérique et latino-américains misent sur la curiosité des spectateurs : pas de films venant éclipser les autres par la signature de leurs auteurs, beaucoup de pays peu répertoriés sur la carte cinéphilique...CC
Alors que les Reflets du cinéma ibérique et latino-américains, 26 ans au compteur, ont acquis une solide réputation de qualité et d'exigence, la programmation de la quinzaine 2010 semble avoir fui les gros films événements des pays qu'elle propose d'ordinaire — pas de "Cellule 211", le "Prophète" espagnol, par exemple... Mais cela reflète une réalité : l'Espagne et le continent sud-américain ont été les grands absents des trois festivals majeurs que sont Venise, Berlin et Cannes — Almodovar seul en compétition, de médiocres produits auteurisants dans les sections parallèles, tous absents à Villeurbanne sauf le brésilien Mourir comme un homme, et l'uruguayen Mal dia para pescar, que l'on n'avait pas vus... Même le fantastique espagnol a marqué le pas, comme en témoignaient le raté Rec2 et les deux films présentés à Gérardmer. Les Reflets ont donc compensé ce manque d'actualité par un programme de films venus de pays encore peu représentés au festival.
Rage sociale
Ainsi du Nicaragua, où aucun film n'avait été produit depuis vingt ans. Curiosité donc pour La Yuma de Florence Jaugey, où une jeune fille vivant dans un quartier pauvre ravagé par les gangs rêve de devenir boxeuse. D'Uruguay, on connaissait les films de Pablo Stoll et du regretté Juan Pablo Rebella — Whisky et 25 watts. Ont-ils fait école ou s'agit-il d'une possible sensibilité uruguayenne ? Toujours est-il que deux des films montrés aux Reflets, Gigante d'Adrian Biniez et Mal dia para pescar d'Alvaro Brechner, s'inscrivent dans leur lignée de comédies douces-amères s'attachant à des personnages en dehors des normes. D'Équateur, les Reflets ont rapporté un film plutôt excitant, puisqu'il arrive avec le parrainage du prestigieux Guillermo Del Toro : La Rage de Sebastian Cordero, un thriller sur fond de critique sociale où un ouvrier tue son contremaître et se réfugie dans le château dont sa compagne est gouvernante. Hospital obrero de German Monje est un film choral bolivien observant la réalité de La Paz depuis un hôpital ouvrier — peut-être une des bonnes surprises de cette édition. Finissons par trois soirées thématiques mélangeant documentaires et fictions : la frontière, où l'on pourra revoir le très fort Sin nombre de Cary Fukunaga ; une intrigante soirée 'Cuisine et cinéma' ; et enfin un hommage à Buñuel où le chef-d'œuvre L'Âge d'or sera pris en sandwich entre un documentaire revenant sur les lieux du tournage de Los Olvivados et un autre consacré à l'art du maître espagnol.
Reflets du cinéma espagnol et latino-américains
Au Zola, du 10 au 24 mars.