Café de Flore avait le potentiel pour faire décoller le spectateur. Jean-Marc Vallée, réalisateur québécois de C.R.A.Z.Y, a voulu avec son nouveau long combiner deux histoires dans un même scénario. La première, en 2011, est celle d'un DJ montréalais tiraillé entre son ex-femme et son nouvel amour ; la seconde, dans le Paris des années 1960, raconte le combat et l'amour inconditionnel d'une mère pour son fils trisomique. La partie "parisienne" est, de toute évidence, la mieux maîtrisée. Mais jusqu'ici pas de lien entre les deux si ce n'est la musique, à savoir ce morceau de Matthew Herbert qui sert de fil conducteur et de titre au film. Malheureusement, le spectateur se perd dans les envolées lyriques, la longueur de certaines scènes et ces incessants va-et-vient temporels. L'histoire part dans tous les sens et au fur et à mesure, on s'agace de ne pas connaître ce lien qui réunit les deux histoires. Il faut patienter un bon moment pour enfin comprendre le rapport entre ces destins. Le voile se lève par le biais d'un personnage de second plan ; et c'est par la voie de l'esprit et de l'irrationnel que l'on trouve l'explication finale. Un dénouement mystique, donc, et passablement tiré par les cheveux, qui ne relève hélas pas ce qui précède. Si l'intrigue laisse perplexe, il n'y a cependant rien à redire sur la prestation de Vanessa Paradis, parfois fragile, parfois effrayante. Elle incarne à la perfection cette mère aimante et possessive. Esthétiquement, rien à redire niveau réalisation, sinon un goût certain du gros plan pour intensifier le pathos scénaristique. C'est, au final, sans doute la trop grande ambition du projet qui finit par lui nuire. Dommage.
Simon Deculty
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