Sapho-melon / de Yann Gonzalez (Fr, 1h42) avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran...
Productrice de séries Z porno gay, Anne digère mal sa rupture avec Loïs, sa monteuse. À ses finances déclinantes s'ajoute une épidémie de meurtres sanglants ravageant son équipe, laissant indifférente la police en cette fin des années 1970. Pourtant, Anne s'obstine à tourner...
Copains comme cochons, Yann Gonzalez et Bertrand Mandico ont biberonné aux mêmes sources filmiques et partagent le désir de fabriquer un cinéma pétri de leurs références esthétiques. Mais quand le réalisateur des Garçons sauvages bricole un univers cohérent et personnel où affleure un subtil réseau d'influences savamment entremêlées, Gonzalez produit un bout-à-bout de séquences clinquantes et boiteuses se réfugiant derrière l'hommage à Argento, Jess Franco, Jean Rollin — qui sais-je encore parmi les vénérables du genre horrifico-déshabillé — pour en justifier la kitschissime maladresse ou l'outrageuse complaisance.
Tout ici semble procéder d'une extrême roublardise. En premier lieu le choix de “l'icône” Vanessa Paradis, dont les qualités d'actrice ne sont, hélas, plus à espérer, et les cancanages nasillent faux jusqu'au dernier cri. Idem pour la pseudo séquence suggestive et sanglante d'ouverture — la première victime y est surinée avec un gode —, destinée à choquer le bourgeois, mais qui tourne au grand-guignol tartignole. Quant à la reconstitution (volontairement ?) approximative d'époque, elle tient de la convention — c'est bien pratique d'évoquer le cinéma bis ; cela permet de faire passer du bancal pour du réfléchi. Tout n'est cependant pas si affligeant : il y a au moins une bonne idée de mise en scène à base de meurtrier, de suspense et de panoramique circulaire, ainsi qu'une parenthèse bienvenue avec Romane Bohringer. Un brin onirique et posée, elle aère les yeux. À croire qu'elle a été sous-traitée.