Les spectacles du jeune metteur en scène Benjamin Lazar sont vraiment très chics. Prenons par exemple Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé», présenté actuellement au Théâtre national populaire : on assiste à une représentation sans décor, éclairée uniquement à la bougie et pendant laquelle les acteurs pratiquent «la déclamation et la gestuelle baroques». Qu'est-ce à dire ? C'est très simple, prenons une phrase comme : «le roi s'en lave les mains». Chez Benjamin Lazar, cette phrase se prononcera «le rrroué s'en lave les minces» et s'accompagnera d'une "chorégraphie" desdits membres. Ce théâtre qui se regarde faire du théâtre en se trouvant tellement malin pourrait faire rire. Sauf que cela dure 1h45 et qu'il ne faut pas compter sur l'intrigue pour rester éveillé (tout est dans le titre : Pyrame et Thisbé s'aiment mais, c'est tragique, ils meurent à la fin). Alors on s'interroge. Sous couvert de respect et d'amour du texte, ce théâtre glaçant et figé qui ne parle volontairement à personne ne prendrait-il pas un peu les spectateurs de haut ? Voilà qui ne serait pas très chic.
Dorotée Aznar