À chaque musique son berceau géographique, y compris au sein d'un même pays. En France, par exemple, Versailles est depuis l'avènement de la French Touch considérée comme la capitale de la musique électronique. Bordeaux, elle, a de tout temps eu la réputation d'être la ville la plus rock'n'roll de l'Hexagone. Quant à Grenoble, c'est au reggae et à l'ensemble de la culture wawach (purée de pois chiches, pantalons ethniques, pierre d'alun...) qu'elle est régulièrement associée. Tout de suite, c'est moins glamour. Mais ça ne l'empêche pas de voir croître à l'ombre de ses remparts montagneux de merveilleuses anomalies. La dernière en date se nomme Câlin et son Black Chinese II, épopée analogique où l'anachronisme et la bidouille n'excluent jamais la modernité et le groove (imaginez du Goblin retravaillé par la crème des producteurs labellisés Warp), nous a excité les tympans comme aucun autre premier album immatriculé dans le 38 ne l'a fait depuis le Requiem pour des baroqueux de Rien. Ce n'est pas un hasard : Mad Marx et Eddy Mitchum, les deux gaillards à l'origine de ce fantasque projet, sont issus de ce collectif qui, depuis maintenant une douzaine d'années, transcende l'essence cinématographique du post-rock. Câlin ouvrira fin février au Sonic pour Lazer Crystal, autre entité se nourrissant de claviers datables au carbone 14. Pour une fois, vous seriez bien mal avisés de temporiser dans l'idée d'atteindre le bar pile au moment où la première partie remballe.
Benjamin Mialot
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