Nouvelle édition du festival Écrans mixtes qui met les travestis à l'honneur de sa sélection de cinéma gay, bi et lesbien, avec hommage, invités et événements, dont une séance appelée à faire date autour du "Rocky horror picture show".Christophe Chabert
L'an dernier, le festival Écrans mixtes avait frappé fort avec sa rétrospective John Waters, cinéaste qui avait su faire l'unanimité auprès des cinéphiles amateurs de transgressions. Disons-le, pas d'aussi gros morceau en 2013, et le choix du thème annuel — Sweet transvestite — donne lieu à un panorama hétéroclite un peu fourre-tout, avec documentaires cultes et fictions où la question du travestissement est parfois de l'ordre du clin d'œil. On s'amusera d'ailleurs à voir revenir Divine, acteur-trice fétiche de John Waters, dans un film non signé par son mentor, mais par l'iconoclaste Paul Bartel, dont un autre festival bien aimé (Hallucinations collectives) avait osé une jolie rétrospective il y a deux ans : Lust in the dust, une parodie de western foutraque dans le pur style Bartel, mélange d'outrances et de références bis.
Éclaboussures
Pour le cinquantenaire de la mort du peintre-poète-romancier-cinéaste Jean Cocteau, le festival présente un hommage en trois temps. D'abord un documentaire de Jean-Paul Fargier, puis une conférence d'Henry Gidel, biographe de Cocteau, les deux à la MLIS de Villeurbanne. Ensuite, au CNP Terreaux, projection d'une copie restaurée d'Orphée, le grand film de Cocteau, dont le perspicace Mark Cousins montrait dans son Story of film qu'il avait influencé, par ses innovations visuelles, jusqu'au Christopher Nolan d'Inception.
Autre forme d'hommage, celui rendu à Tony Scott, puisque l'ouverture du festival se fera au Comœdia avec Les Prédateurs. Premier film réalisé par Scott, il se présente comme une très libre relecture des mythes vampiriques transposés dans le New York des années 80, baigné dans la cold wave (Bauhaus et son Bela Lugosi's Dead en live au générique) et l'esthétisme mode. Drôle d'objet, assez fascinant et sans postérité dans l'œuvre ultérieure de Scott.
Mais le clou du festival sera la projection-événement du Rocky horror picture show, film culte de Jim Sharman, animée par son fan club officiel. Autrement dit, non seulement vous pourrez entonner gaiement les chansons de cette comédie musicale déviante et à gros potentiel de déconnade festive, mais vous risquez fort de vous ramasser de la flotte ou du riz sur la tronche. En effet, le culte qui l'entoure s'accompagne d'une pratique particulière, répandue dans le monde entier : le spectacle doit largement déborder l'écran pour une interactivité d'un genre particulier — on ne s'en sort pas.
Écrans mixtes : Sweet transvestites
Du 6 au 12 mars