Pour Molière, la comédie n'est pas un vain mot ou un sous-genre, telle qu'on la considère dans les années 1660 quand il crée L'Avare (1668). Le dramaturge s'y essaie à la prose quand l'alexandrin et la versification sont plébiscités par le public. Comme comédien, il aime s'enfariner le visage et faire des grimaces.
C'est dire si avec cette pièce qui dénonce le pouvoir de l'argent et met au jour la puissance ravageuse du mensonge (toute ressemblance avec des faits ayant existé n'est que pure coïncidence), il s'autorise toutes les extravagances.
La troupe de l'Acting Studio, plus habituée au café-théâtre (Mathieu Coniglio vu dans Loving Out, Aurélien Portehaut et son complice Yann Guillarme dans les Loose Brothers) qu'aux grands classiques du théâtre, trouve là une formidable matière à jouer. Porhehaut (remplacé cette semaine par Jo Goundoul) peut s'amuser à l'envi du handicap de son personnage de valet tandis que Guillarme, dans le rôle titre, laisse exploser crescendo son talent, notamment dans le seul monologue de la pièce (Acte IV, scène 7) lorsque, sa cassette volée, il devient fou et hurle «Au voleur ! Au voleur ! A l'assassin ! Au meurtrier (...) Je me meurs ! Je suis mort». Il se permet aussi des moments d'improvisation, lesquels n'auraient sans doute pas déplu à Molière, amateur de la commedia dell'arte et de la pratique de cet art sans filet.
Le tout a parfois des allures de comédie à la De Funès qui s'emballe un peu trop (trop de mimiques buccales...) et les rôles féminins se révèlent plus fades que ceux de leurs homologues masculins, notamment celui de la metteur en scène Joëlle Sévilla, mais cet Avare emmené sur un rythme effréné en 1h30 ne laisse jamais le spectateur sur le bas côté.
Nadja Pobel
L'Avare
Au Comédie-Odéon, jusqu'au samedi 27 avril