Après un faux départ pour Dresde, Serge Dorny a été confirmé dans ses fonctions de directeur de l'Opéra de Lyon. Et entend, avec sa saison 2014-15, donner toute la place aux écritures contemporaines et aux nouvelles générations d'artistes.Pascale Clavel
La saison de l'Opéra de Lyon s'ouvre le 11 octobre avec un Wagner, et pas n'importe lequel, Le Vaisseau fantôme (du 11 au 26 octobre), opéra fantastique qui réconcilie les amoureux fous de son répertoire et les autres. Ce premier chef-d'œuvre du compositeur allemand a en effet tout pour plaire : une intrigue palpitante, un drame insoutenable, des leitmotivs comme seul l'auteur de L'Anneau du Niebelung sait en fabriquer. A la baguette, on retrouvera le chef permanent Kazushi Ono et, pour la quatrième fois à Lyon, le génial Alex Ollé de la Fura del Baus à la mise en scène.
La saison se poursuivra avec un opéra féerique de Dvorak, Rusalka (du 15 décembre au 1er janvier), sous la direction du jeune chef russe Konstantin Chudovsky et sur une mise en scène de Stefan Herheim qui transpose habilement le propos dans un univers urbain inquiétant, malmenant le spectateur et le mettant au cœur d'un monde implacable et repoussant de réalisme.
En janvier, c'est Mozart qui s'invite avec Idoménée (du 23 janvier au 6 février), drame intemporel et troisième incursion pour le compositeur dans le genre très noble de l'opéra séria.
Promenade insolite
Depuis l'expulsion d'Adam et Eve du fameux jardin d'Eden, les havres de verdure fascinent. Lieux d'interdits en tous genres, de beauté et de mystère, ils font naître les fantasmes les plus secrets. Cette saison, le traditionnel festival de l'Opéra explorera ces évocateurs Jardins Mystérieux en trois spectacles. Les Stigmatisés (du 13 au 28 mars), opéra en trois actes écrit en 1918 par Franz Schreker (inconnu en France, il était qualifié à son époque de digne héritier de Richard Wagner) nous installe sur une île toute entière dédiée à la débauche, où deux hommes, l'un irrémédiablement laid, l'autre magnifique, se disputent les faveurs d'une peintre. Le deuxième opus n'est autre que le splendide Orphée et Eurydice (du 14 au 29 mars) de Gluck, qui sera mis en scène par le jeune et très demandé David Marton. L'événement se refermera sur Le Jardin englouti (du 15 au 20 mars, mais au TNP), film-opéra fantastique et poétique de Michel van der Aa, sur un livret éblouissant de David Mitchell. Un savant et très immersif mélange de théâtre, d'expérimentation vidéo et d'opéra, pile dans l'air du temps musical et qui promet de pousser au paroxysme les intentions qui sous-tendent le reste de la saison.