Associer la dissidence au théâtre : en voilà une idée intriguante et rare. Le festival Sens interdits vient de la creuser à l'aune de pays où les dictatures et guerres sont encore fraîches. Baptiste Guiton qui a emprunté le terme de dissidence à Michel Vinaver (qu'il avait monté en sortie d'ENSATT), a lui décidé de regarder la France de la crise en face.
Pour cela, il a passé commande à Magali Mougel, tout juste trentenaire, qui dans Cœur d'acier se penche indirectement sur la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. Car plutôt que de tisser une trame politique, elle nous plonge dans l'intimité d'une famille dont elle décrit cinq journées comme autant d'actes répartis sur une année suivant ladite fermeture.
En choisissant de mettre en relief cette histoire, le brillant metteur en scène de Lune jaune continue d'explorer la vie des petites gens, laquelle en dit souvent plus long sur la déréliction d'un pays qu'une chronique politique. «Dans l'écriture de Mougel, il n'y a pas d'évidence» affirme Guiton, qui a trouvé matière théâtrale dans les énigmes et les ellipses de l'auteur.
À voir dès la création au Théâtre de Vénissieux les 5 et 6 novembre puis au TNP en mars, avec des habitués de sa prestigieuse scène comme l'épatant Antoine Besson.