L'an dernier, Valérie Marinese avait ficelé avec Bouh un très émouvant spectacle. Drôle mais sous-tendu par une trame politique très dure, à la manière d'un film de Ken Loach, il nous faisait découvrir au passage un auteur britannique contemporain passionnant, Mike Kenny. D'une certaine manière, Baptiste Guiton s'est livré à ce même travail de défrichage au TNP il y a dix mois, en adaptant avec sa jeune et bien-nommée compagnie du Théâtre Exalté le texte d'un autre dramaturge anglo-saxon actuel : Lune jaune, la ballade de Leila et Lee, fable sociale mi-réaliste et mi-onirique – et parfois alourdi par une utilisation abusive de la troisième personne du singulier – de l'Ecossais David Greig.
Soit une jeune fille silencieuse et solitaire qui tombe dans les bras d'un ado renfrogné et bien décidé à retrouver le père qui les a abandonnés lui et sa mère quand il était gamin. Soundain, ce qui pourrait n'être qu'une chronique se mue en un véritable récit quand ces gosses bringuebalés par l'existence se retrouvent pris dans un fait divers. Il faut alors inventer la suite, en partie dans les bois où ils vont rencontrer un garde-chasse bourru et tendre.
Guiton, formé comme comédien à la Comédie de Saint-Etienne et proche de Christian Schiaretti (il a joué dans Mai, juin, juillet et Une saison au Congo notamment) l'a pensée au sein d'un dispositif scénographique circulaire, mouvant et envahi de terre fraîche, dans lequel ses personnages sont à la fois enfermés et libres de jouer des bordures comme du centre, montrant habilement qu'ils cherchent leur place dans une vie courte et peu amène. Très convaincant.
Nadja Pobel
Lune jaune, la ballade de Leila et Lee
A la Mouche, Saint-Genis-Laval jeudi 11 décembre