Au premier abord déroutant et presque trop tape-à-l'œil, le décor imposant de Après la fin (au TNP jusqu'au 21 février) se révèle au fur et à mesure d'un déroulé de la pièce fort à propos. Et c'est la tonalité générale de ce travail, qui ne cesse de se préciser et de monter en puissance au long de 85 minutes.
Baptiste Guiton monte pour la deuxième fois l'auteur britannique majeur qu'est le quadra Dennis Kelly, après Mon prof est un troll un peu trop foutraque pour être convaincant. Ici, sous les armatures d'un abri anti-atomique, il étrangle Mark et Louise. Le premier a sauvé la seconde d'une attaque nucléaire ayant anéanti la vie de ceux restés au-dessus. Tenter de sortir équivaudrait à s'étouffer sous les cendres.
Kelly est retors : seul Mark connaît la vérité et peut-être ne dit-il que la sienne. Sa haine caricaturale des barbus, à qui il faut faire la guerre, se meut en violence aveugle pour être aimé de celle qu'il désire - et qu'il séquestre peut-être plus qu'il ne la protège. Malgré une bande-son trop insistante et inutilement bourdonnante, Thomas Rortais et Tiphaine Rabaud Fournier s'accordent parfaitement dans cette tension constante où leurs corps (violemment malmenés pour elle) sont presque plus importants que leurs paroles et donnent à ressentir l'enfermement lu dans un mauvais Régis Jauffret (Claustria). En contre-point, le final, tout en logorrhée et immobilisme, est d'une justesse implacable.