Fantastique Maître Ohlmann

Fantastique Maître Ohlmann

On le rencontre dans un de ses ateliers aux murs tapissés d'outils, en train de recouvrir un cadre de bois ouvragé par petites touches de peinture orangée, histoire de lui donner une apparence patinée «un peu broc'». «Celui-là ? Je l'ai sculpté ce matin. Avec les dents» lance-t-il en guettant la réaction de ses interlocuteurs. Avant d'éclater de rire.

Son éternel chapeau vissé sur le crâne, Dan Ohlmann a tout de l'authentique showman. Musicien autrefois, ébéniste et décorateur ensuite, il est le créateur du Musée Miniature & Cinéma et son âme depuis près de 30 ans. «Je reçois même des courriers à l'entête de “Monsieur le Conservateur” » s'amuse-t-il. Son amour pour le cinéma, son admiration respectueuse pour les artisans et son sens du contact, voire son bagou — «quand je parle de ma passion, c'est comme si je vendais des moulinettes» — en ont fait un haut lieu en Europe. S'il confie «ne pas [être] toujours très fort» sur les noms des comédiens, il est intarissable sur les décorateurs, costumiers, concepteurs d'effets spéciaux, maquilleurs...

«Dans l'ombre il y a des artistes incroyables, qui ont de la résine jusque là ! S'ils ne vouaient pas leur carrière au cinéma et aux réalisateurs, ils mèneraient une carrière artistique phénoménale, en étant dans toutes les Biennales. Moi qui suis du métier, je suis bluffé par leur talent. À l'heure où les films sont majoritairement produits par ordinateur, le spectateur doit se rende compte du mouvement artistique caché derrière une image.»

Autrefois, Dan ouvrait son atelier au public. On pouvait alors découvrir l'envers du décor, et les œuvres promises à une exposition prochaine, suivre les étapes magiques de la restauration... Hélas, ce pédagogue a dû renoncer. À contre-cœur, à cause de la passivité désespérante de certains parents, qui contemplaient sans mot dire leur progéniture s'amusant à détériorer les œuvres ou perturber les artistes.

Dommage, car ils se privent en ce moment de la remise en état de la tête du Tricératops de Jurassic Park (1993) de Spielberg, dont la corne a été déposée. Un mois de travail est prévu pour lui redonner visage dinosaurien, à coup de silicone : le latex n'a une durée de vie que de dix ans, et la bête, bien dégradée, en compte le double...

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