Givebox / Les boîtes à lire se multiplient. Le principe est simple : on y prend ce qui nous intéresse et on y dépose ce dont on ne se sert plus. Sans contrepartie. Solidaire, altruiste, génial.
« Deux semaines que je suis enfermé. Que personne ne m'a regardé, touché, senti. Il arrive qu'on me tâte, qu'on me retourne, mais souvent, on me laisse de côté. Deux semaines que je vois ces multiples mains attraper mes copains de voyage. Machiavel a déjà découché quatre fois alors qu'il n'est là que depuis une semaine. Il est toujours intact, pas écorné, pas abîmé. Son Prince séduit, apparemment. Pareil pour Kundera et son Insoutenable légèreté de l'être, pas une once de tâche de café malgré ses allers-retours. Les miennes, je ne les compte plus. En page 16, quand Vladimir explique à Estragon qu'ils doivent attendre devant l'arbre, ou en page 25 quand ils sucent une carotte un peu sucrée. J'ai eu mon heure de gloire. Mais aujourd'hui, je suis comme Vladimir et Estragon : j'attends Godot. J'attends un lecteur. »
(Samuel Beckett)
Démocratiser la lecture
Créé en 2011, le Fonds Decitre propose l'installation de boîtes à lire dans les quartiers les plus défavorisés. « Nous les implantons en priorité dans les villes dépourvues de librairie et/ou dans les cités où vivent des gens en précarité. Nous n'en placerons jamais dans le second arrondissement de Lyon, par exemple » explique Agathe Gros, chef de projet. En métal avec une vitre en plexiglas coulissante et résistantes aux intempéries, ces boîtes contribuent à (re)donner l'envie de lire.
Il en existe neuf en Rhône-Alpes dont trois à Vénissieux (Place de la Paix, Centre social Moulin à vent, Maison de quartier Darnaise), une à Saint-Fons (Square Matringe), trois à Tassin (place Hyppolyte Péragut, parc de l'Etoile, gare d'Ecully), une à Brignais (gare) et une à Lyon (100, route de Vienne). D'ici l'été, une dixième sera inaugurée à Saint-Priest. Chaque boîte a son « veilleur », généralement un habitant du quartier, qui s'attache à vérifier qu'elle ne soit pas vandalisée et que le contenu n'incite pas à la haine. Fédérateur — il n'est pas rare de voir les riverains discuter autour de la boîte —, ce nouveau mobilier urbain redonne « un nouvel élan à la culture et permet de retisser le lien social » note Agathe Gros. Et de sortir d'une logique marchande.
Dans les quartiers plus privilégiés, il en existe pour l'instant une seule dessinée par l'Atelier Supernova et fabriquée par l'association Cobois. Cette boîte à lire en bois ultra-design trône depuis le 2 décembre dernier sur la place Guichard : les participants de Nuit Debout l'ont apprivoisé.
Les boîtes à dons
Ces boîtes d'échanges (également appelées Givebox et boîtes à partage) contiennent des tas d'objets (déco, vêtements...) et sont distillées dans toute la ville : place Jules Guesde (la première, fondée en 2014 par Lisa Lejeune et Magali Seghetto), au sein de la Maison des Associations, place de Trion, rue des Macchabées, Jardin Jean Choux, rue Pauline-Marie Jaricot, place Bénédicte Tessier, Saint-Irénée, Maison pour tous, campus de Sciences-po, MJC de Monplaisir et Saint-Rambert. D'autres projets devraient voir prochainement le jour : deux box dans le 8ème arrondissement, une en forme de frigo square Roquette, une place Saint-Louis, une nichée au sein de la Taverne Gutenberg et un nouveau site Internet (d'ici cet été) permettant de les géolocaliser. Si l'envie vous prend d'en créer une dans votre quartier, n'hésitez pas à solliciter les conseils avisés de Stéphanie Genelot qui vient de monter une association dédiée aux « boîtes d'échange entre voisins. »
www.facebook.com/boitesdechangeentrevoisinslyon/