La musique de Gustav Mahler est un choc. Puissante et joyeuse, primitive et sombre, hors du temps et terrestre à la fois. Révélée dans Mort à Venise, chef d'œuvre sublime de Visconti, cette musique enchante et bouleverse parce qu'il y a en elle un fort concentré de tous les sentiments humains. Le compositeur donne l'impression vertigineuse de fouiller avec fureur au cœur de ses souffrances les plus intimes.
L'Auditorium programme la Symphonie n°1 "Titan" et les Kindertotenlieders dans le même espace/temps : ce sont deux joyaux de la musique romantique qui sont offerts ici. Le baryton allemand Matthias Goerne, avec son grain de voix inimitable et sa présence hallucinée, ne peut que magnifier les Kindertotenlieder, ces chants des enfants morts d'une intensité folle.
Quant à la Symphonie n°1, hymne à la nature chantant tristement — il suffit d'entendre une seule fois cette variation incroyable et lancinante sur le thème de frère Jacques pour être atteint ; parfois pétri d'effroi, elle représente tout ce que le 19e siècle finissant a de plus précieux : un regard vif et désenchanté sur le monde. À la baguette, on peut espérer que le jeune chef français Lionel Bringuier aura l'audace de nous plonger au cœur même de ce romantisme sublime et crépusculaire.
Symphonie n°1 et Kindertotenlieder de Gustav Mahler
Orchestre National de Lyon
À l'Auditorium le jeudi 19 mai et le vendredi 21 mai