Rentrée Classique / La musique dite savante ne s'arrête pas à Mahler ni même à Stravinsky (que nous serons heureux de réécouter cette année), et son cœur bat toujours aujourd'hui. Ce que nous rappellent notamment la Biennale des Musiques Exploratoires et la structure Superspectives.
Commençons par la fin et donc par ce que les salles de concert proposeront de plus contemporain à nos oreilles ! 2022 est notamment une année de la Biennale des Musiques Exploratoires (du 10 au 27 mars) avec quarante compositeurs contemporains et 17 créations mondiales à son programme. Elle se déroulera aussi bien au Sucre (Ryoji Ikeda) qu'aux Subs (Clément Vercelletto, Florentin Ginot) ou au Théâtre de la Renaissance à Oullins (Marc Monnet, Fernando Fiszbein...) et dans bien d'autres lieux encore... L'Auditorium participe à l'événement avec un week-end sur le thème "musique, espaces et architecture" (les 26 et 27 mars). On pourra y découvrir notamment plusieurs œuvres du compositeur Gérard Grisey (1946-1998). Grisey fut dans les années 1970, avec Tristan Murail et d'autres, l'un des initiateurs de la musique dite spectrale qui s'appuie sur la technologie informatique, module des fréquences et dilate des sons dans la durée... L'Ensemble Intercontemporain jouera plusieurs œuvres du compositeur dont son dernier opus, Quatre Chants pour franchir le seuil.
Autre compositeur mis en lumière cette année avec une double actualité : Philip Glass, pape de la musique minimaliste et répétitive (avec Steve Reich, Terry Riley...). Philip Glass (né en 1937) a beaucoup composé pour claviers, pour piano et, c'est moins connu, pour orgue dans les années 1970. C'est à cet aspect de l'œuvre de Glass que s'attèleront la pianiste Maki Namekawa (qui a enregistré l'intégralité des Études pour piano de Glass) et l'organiste James McVinnie (à l'Auditorium le 6 février). L'Opéra de Lyon et le festival Superspectives s'allient, quant à eux, pour un "Marathon Philip Glass" (du 25 au 29 janvier à l'Opéra), où seront joués, notamment, une quasi intégrale de ses œuvres pour piano et plusieurs de ses quartets pour cordes. Le festival Superspectives, par ailleurs, proposera sa 4e édition défricheuse des musiques contemporaines, cet été, à la Maison de Lorette.
Un monument signé Mahler
On pourra doucement remonter le temps à l'Auditorium avec l'une des œuvres phares de la modernité musicale : Le Sacre du printemps, musique pour ballet d'Igor Stravinsky qui avait fait scandale en 1913 lors de sa création. Plus d'un siècle plus tard, l'œuvre fait toujours trembler la terre et les oreilles et il est indispensable de l'entendre et de la vivre en live. C'est ce que nous propose l'Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Ivan Fischer, au sein d'un programme entièrement dédié à Stravinsky (le 20 février).
Autre grand compositeur qui influença les modernes et les contemporains : Gustav Mahler aura deux de ses symphonies jouées à l'Auditorium : la Symphonie n°5 (les 11 et 12 mars), et la Symphonie n°2 dite Résurrection (les 16 et 18 juin). Ce monument a demandé six ans de travail de 1888 à 1894 à Mahler, compte cinq mouvements pour une durée de 1h30, exige un orchestre XXL et compte plus de 170 versions à ce jour. Un beau défi pour l'Orchestre National de Lyon et son chef, nommé en septembre 2020, Nikolaj Szeps-Znaider.
Du côté de la musique lyrique et baroque, parmi les nombreux événements des Grands Concerts de Lyon, on notera la venue d'un ovni de la musique classique, le jeune contre-ténor polonais Jakub Józef Orlinski (né en 1990) qui tout à la fois a triomphé au très sérieux festival d'Aix-en-Provence en 2017, fait de la breakdance, apparaît dans des pubs de grandes marques et fait un tabac sur YouTube sur un air de Vivaldi ! À Lyon, avec l'Ensemble Il Giardino d'Amore, il interprétera un florilège baroque d'œuvres de Vivaldi et de Haendel (à la Chapelle de la Trinité, le 1er juillet 2022).