À travers une quarantaine d'œuvres, le Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne retrace le parcours artistique d'Anne et Patrick Poirier qui vivent et travaillent ensemble depuis une cinquantaine d'années... Passionnés de psychanalyse, de littérature, d'archéologie et d'architecture, les deux comparses débutent chacun de leurs chantiers par des voyages, des prises de notes et d'images, et des échanges nourris entre eux.
De ces échanges, naîtrons notamment des installations de grande dimension, dont le fil rouge est la fragilité de l'être. Cette fragilité se décline en plusieurs thématiques comme « la fragilité de la culture, de la mémoire culturelle, des choses, de la nature et des êtres vivants, mais aussi le désir de mieux comprendre les mécanismes de la mémoire, non comme un phénoménologue ou un naturaliste, mais comme un artiste, à un niveau plus poétique et psychologique » comme l'expliquent les artistes dans le catalogue de l'exposition.
Dialogues
Parmi les œuvres exposées au MAMC (des installations mais aussi des photographies, des dessins...), certaines ont davantage retenu notre attention : tout particulièrement ces "grandes maquettes" de sites imaginaires du passé ou du futur. En 1977, lors d'un long séjour à Rome, Anne et Patrick Poirier composent l'impressionnante Construction IV, plongeant, dans une eau glauque et dans l'obscurité, des ruines figées, « un grand rêve noir où se mêlaient des vestiges archéologiques provenant de civilisations diverses qui se seraient échouées là, sur ce rivage des Syrtes... »
Vingt ans plus tard, en 2000, les artistes imaginent Exotica, une ville monstre et totalement noire, dévorée par la pollution, le productivisme, la paranoïa sécuritaire et militaire... Ces deux installations semblent dialoguer entre elles, comme nombre des œuvres des Poirier qui font se rencontrer différentes strates du temps, différentes cultures, différentes géographies. Et font se confondre et s'enrichir l'un l'autre, espaces physiques et espaces psychiques.
Anne et Patrick Poirier, Danger zones
Au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne jusqu'au 29 janvier 2017