Un film de Naji Abu Nowar (Jord-EAU-Qat-GB, 1h40) avec Jacir Eid, Hassan Mutlag, Hussein Salameh...
1916. Unique survivant de l'attaque de sa caravane, Theeb, un petit Bédouin de dix ans, se retrouve coincé dans un oued avec un blessé — l'un des bandits responsables de la tuerie. Pour survivre, l'un et l'autre vont devoir collaborer...
Démarrant sous les auspices historiques de Lawrence d'Arabie, Theeb adopte rapidement structure et codes du western — le cadre désertique s'y prête, il suffit juste de substituer les chameaux aux chevaux. D'autant que les échos à Leone, en particulier à Il était une fois dans l'Ouest sont troublants : ici aussi, l'arrivée du chemin de fer induit une reconfiguration brutale d'un territoire ; des traditions séculaires dont on voit la transmission au début du film, sont perturbées par l'irruption d'une modernité occidentale non désirée — les Bédouins sont en quelque sorte les “Indiens” colonisés.
Face à face en huis clos dans un paysage immense mené par un jeune comédien prometteur (Jacir Eid), Theeb joue finement sur le suspense, n'abuse pas des facilités du contemplatif, et constitue une excellente surprise jusqu'à son dénouement, qu'il faut bien replacer dans le contexte de l'époque. La morale, en effet, ne l'est pas vraiment...