Bande Dessinée / Bien sûr, les enfants ne vont pas tout comprendre à ce livre mais au moins peuvent-ils s'initier, via les magnifiques dessins très expressifs et colorés, à l'univers shakespearien, parfaitement détaillé autant que résumé dans la BD signée Caroline Guillot.
La couverture en atteste : chez Shakespeare, les personnages sont multiples. Et c'est parce que ces intrigues sont complexes que ce livre à destination des petits, collégiens, lycéens et grands est un mémo précieux. Avant d'aborder quinze œuvres majeures (classées en pièces historiques, tragédies et comédies), l'auteur-illustratrice redonne les "bases". Elles ne sont pas inutiles, car bien malin celui qui pourrait résumer au pied levé le contexte de l'époque, le théâtre élisabéthain ou encore la bio du dramaturge. C'est ici fait avec un humour qui irrigue tout l'ouvrage.
Si l'on savait déjà que du vivant de Shakespare, seuls les hommes pouvaient jouer un rôle au théâtre (cela deviendra possible pour les femmes en 1660, 44 années après sa mort), Caroline Guillot nous apprend que « les comédiens [étaient] considérés comme des vagabonds (...) fouettés et marqués au fer rouge » ; et que pour bénéficier de la lumière du jour, les théâtres étaient à ciel ouvert : les spectacles pâtissaient souvent des mauvaises conditions météo anglaises, et l'auteur d'en conclure : « inutile d'investir dans un cadre qui va être flingué par la flotte » ! Exit la scénographie, dans un langage direct et réjouissant.
Famille, je vous hais
Il en va de même dans la seconde partie du livre qui, sur quatre pages, présente à chaque fois le contexte dans lequel la pièce a été écrite, une anecdote, la phrase-clé (« Mon royaume pour un cheval ! »), les personnages, les liens entre eux et ensuite, en six tableaux, le déroulement de l'histoire avec là encore simplicité (la compréhension de l'œuvre est tout de même le but principal) et drôlerie : oui, face au corps mort de son Roméo, Juliette se fait « hara-kiri ».
Beaucoup mieux qu'un dictionnaire, cet ouvrage synthétique et joliment irrévérencieux comme le fut le Britannique, est un hommage au talent de cet homme dont Caroline Guillot dresse avec malice la liste des idées reçues qu'il s'attira via une série de vignettes aussi foutraques que pertinentes.
Caroline Guillot, Le Grand Shakespeare illustré (Chêne BD édition)