Art Numérique / Le festival Mémoire Vive, au CCO ce samedi, expérimente les formes et laisse une large place à l'art numérique.
Le festival Mémoire Vive, qui s'installe sereinement dans le paysage local, est par essence indescriptible tant varient les propositions au sein de cet événement qui n'aime rien tant que provoquer la rencontre, attirer le regard là où il ne se serait pas posé naturellement et initier l'écoute (de l'autre, du monde, de soi-même), comme l'illustre cette année le focus fait autour du thème de la "fenêtre" à ouvrir, qu'elle soit réelle ou sur écran tactile.
Récapitulons : c'est un parcours, il commence dehors par une balade urbaine, en vélo. Se réapproprier la ville, d'abord ; mais en musique, grâce aux pauses orchestrées par Pédalo Cantabile, auto-libellé karaoké acoustique. Prendre langue, ensuite. Par des lectures, assurées par la poète Samira Negrouche, Sonia Viel, le dramaturge Hakim Bah et le romancier Mouloud Akkouche (lequel rédigera une nouvelle sur cette journée, lue en clôture). Prendre l'initiative, dans la foulée : via un fablab, où l'on commencera par une battle (de mots d'amour ou de punchlines boxeuses), avant une sorte de cadavre exquis, et une conclusion assurée par la fabrication autonome de son propre exemplaire de l'ouvrage. On repartira avec ce livre.
Enfin, une large place est accordée au numérique, en collaboration avec l'agence Paradox[a] : la Zone d'Expérimentation Numérique. Avec Aptium de Lynn Pook, déjà, performance à vivre allongé dans un hamac lors de laquelle « une composition sonore spatialisée décrit des trajectoires vibrantes à même votre corps qui se trouve comme sculpté par les sons. »
Ou encore Mécanique Panorama, de Arnaud Chevalier. Une installation en quête des histoires racontées par la surface des villes, où le spectacteur manipule les images projetées. À lorgner de près aussi, le focus sur Net art de Karen Dermineur, alias KRN, plasticienne du réseau et auteur multimédia qui proposera une sélection d'œuvres commentées.
On aime aussi beaucoup l'idée du Bring your own beamer, du Net artiste Rafael Rozendaal, où chacun vient avec son propre vidéo-projecteur pour diffuser sur les murs ses œuvres, le temps d'une exposition aussi éphémère que totalement do it yourself.
Enfin, on ne loupera pas les perfs du Détachement international du Muerto Coco, grand détournement de jouets électroniques pour adultes ou enfants en une « volontaire confrontation entre Hi-Fi et Lo-Fi, crétinerie et virtuosité, infantilisme et adultisme. » Tout un programme qui motive assurément la virée à Villeurbanne ce week-end.