La littérature s'abreuve depuis la nuit des temps de faits divers. Mais le fait divers lui-même, dès la lecture des pages du quotidien matinal, peut être littérature à part entière, dès lors qu'une plume alerte s'en empare. Patricia Tourancheau est de celles-ci. Longtemps, elle a noirci les feuilles de Libération de ses enquêtes, souvent au long cours, nourries de détails que les autres ne relevaient pas, d'informations qu'elle seule dénichait.
Elle en a fait des livres, aussi, ces dernières années : sur la traque du tueur en série Guy Georges (adapté au cinéma sous le titre L'Affaire SK1), sur le fameux gang des Postiches, qui vaut tous les romans noirs. Et ce mois-ci, sur le légendaire 36 quai des Orfèvres, dont les dernières heures sur l'île de la Cité se seront vues rythmées par un procès pour vol de cocaïne en son sein-même... Dans quelques mois, le 36 sera transféré dans le 17e arrondissement de Paris. Et rien ne sera plus pareil.
Pour Patricia Tourancheau non plus, qui a arpenté ses couloirs des années durant, depuis 1990, pour le compte de Libé qu'elle a comme beaucoup quitté, rejoignant l'équipe du pure player Les Jours, concevant ses reportages comme des séries : longs, s'intéressant à la psychologie des personnages, les côtoyant sur la durée. Le format parfait pour sa prose.
Le 36 : histoires de poulets, d'indics et de tueurs en série (en... 36 chapitres !) paru au Seuil, est l'une de ses séries conçues pour le site. Une enquête et un polar où tout est vrai, qui conte un monde révolu d'enquêteurs légendaires, d'indics, de bandits mythiques (on croise Mesrine) et d'un chanteur qui aimait (boire avec) les flics, Serge Gainsbourg.
L'heure du crime : ces faits divers qui deviennent des romans
Discussion avec Patricia Tourancheau, Ivan Jablonka et Harold Cobert, animée par Alice Géraud
À L'Hôtel de Ville à 11h30
L'Affaire SK1, de Frédéric Tillier, présenté par Patricia Tourancheau
Au Pathé Bellecour le vendredi 31 mars à 19h45