Opéra / L'Alceste de C.W. Gluck, donné actuellement à l'Opéra de Lyon, est une heureuse surprise de la saison.
Opéra moins connu et moins représenté qu'Orphée et Eurydice, Alceste a pourtant quelques similitudes avec cette œuvre. Créées toutes deux à Vienne dans une version italienne, elles ont été reprises et remaniées par Gluck lui-même pour la scène parisienne avec un texte en français. Similitude du sujet, également : dans les deux cas il s'agit d'un amant qui, défiant les dieux, descend aux enfers pour récupérer l'être aimé.
Inspiré de la tragédie d'Euripide, Alceste conte l'histoire du roi Admète au seuil de la mort. L'oracle d'Apollon indique qu'il ne pourra survivre que si quelqu'un se sacrifie pour lui. Son épouse Alceste offre sa propre mort pour que vive Admète. Le roi, meurtri par ce sacrifice, descend au royaume d'Hadès pour sauver sa bien-aimée. Y parvient-il ? La réponse est donnée dans un stupéfiant tableau final conçu par Alex Ollé du collectif catalan La Fura dels Baus.
Pour cette mise en scène, Alex Ollé nous fait vivre le drame d'une famille bourgeoise. Le préambule filmé montre un accident de voiture qui plonge Admète dans le coma. Puis, par l'utilisation judicieuse et esthétique des lumières et de la vidéo, Alex Ollé modèle le décor, autant pour donner une ambiance orageuse et ésotérique lors de la consultation de l'oracle que pour dessiner une angoissante descente aux enfers.
Sur scène, le Lyonnais Julien Behr en Admète nous ravit de son timbre chaud et moiré et Karine Deshayes en Alceste déploie toute une palette d'émotions par les inflexions de sa voix et l'interprétation du rôle. Dans la fosse, le chef Stefano Montanari, aidé d'un orchestre de l'opéra qui joue pour la première fois sur des instruments d'époque, exalte la sonorité authentique et les accents dramatiques de la musique de Gluck. Cet Alceste bouleversant nous emmène subtilement, une fois le rideau tombé, à nous interroger sur l'amour, la mort et le don de soi.
Alceste
À l'Opéra de Lyon jusqu'au mercredi 17 mai