Vercors Music Festival / En 2015 a vu le jour à Autrans, dans le massif du Vercors, un nouveau festival tout simplement baptisé Vercors Music Festival – parce qu'en anglais c'est plus classe ? Avec tout de suite l'envie de jouer dans la cour des grands en proposant de grosses têtes d'affiche. En amont de la troisième édition prévue du 7 au 11 juillet, zoom sur cinq artistes que l'on pourra écouter là-haut dans la montagne, et discussion avec l'un des organisateurs pour en savoir un peu plus.
Barbagallo
Batteur des Australiens de Tame Impala et de l'étrange créature pop française Aquaserge, Julien Barbagallo est tiraillé entre deux mondes : celui d'une pop anglo-saxonne aux vents psychédéliques et au souffle progressif et celui d'une tradition très française de chanson s'accomplissant jusqu'à l'absurde dans la langue de Molière. Estimant que chanter en anglais serait pour lui un non-sens, l'Occitan se positionne à l'intersection de ces deux mondes, se nourrissant des expériences piochées ça (Tame Impala) et là (Aquaserge).
C'est sur la route avec les premiers et à Melbourne que Barbagallo a écrit son dernier album Grand chien (traduction du surnom dont on l'affuble en Australie, "Big Dog") sur lequel il joue de chaque instrument et qui n'est pas sans rappeler les grandes heures d'un Polnareff piétinant avec grâce et en français, à coups de textes farfelus et de glaçages médiévaux, les plates-bandes de ses confrères d'outre-Manche.
Vendredi 7 juillet à 19h
Morcheeba
Il y a un peu plus de vingt ans, Morcheeba débarquait en queue de comète du trip-hop pour s'imposer comme l'une de ses étoiles. Puis, deux ans plus tard, explosait les compteurs avec l'album Big Calm. Et un peu plus encore avec Rome wasn't build in a day, redoutable gospel extrait de Fragments of Freedom. Jusqu'à Charango (2000), Morcheeba était un incontournable du downtempo servi par la voix de velours de Skye Edwards et les machines inspirées des frères Godfrey.
Skye Edwards quitta le groupe, fut remplacée (cette bonne blague), revint (toutes choses passant notoirement inaperçues) et dernièrement officia avec Ross Godfrey sous le nom de Skye|Ross – rien de très différent. Mais c'est sous leur nom originel que les Britanniques viendront se produire ici, livrant quelques nouveautés entre deux classiques nostalgiques.
Samedi 8 juillet à 22h
La Femme
Ni génie sauveur de la pop française ni grosse daube surévaluée, La Femme est simplement un groupe qui a compris que la musique pouvait être simple et efficace sans forcément n'avoir rien dans le cerveau et dans les jambes. Comme il l'a prouvé l'an passé avec Mystère, second album porté par une poignée de tubes efficaces – Où va le monde, Septembre, Tatiana...
Bonne nouvelle : si ses prestations télévisuelles avaient pu laisser craindre un rendu médiocre en concert, ce n'est finalement pas le cas. Bon, certes, le chant de ceux qui s'y collent n'est pas le plus juste du monde, mais l'énergie que le collectif arrive à mettre en branle sur scène, aidé par les titres déjà cités mais aussi les succès de son premier album Psycho Tropical Berlin (Sur la planche, Nous étions deux, Si un jour...) compense cette (petite) faiblesse.
Dimanche 9 juillet à 20h
Tim Dup
Dès qu'un artiste français manipule la langue française avec un tant soit peu de virtuosité, de poésie mais aussi de belle affectation, on le compare à Brel, Ferré ou Barbara. Tim Dup, 21 ans, blase de dernière trouvaille du rock anglo-saxon, n'y échappe pas, qu'il opère au piano, en solo, ou derrière un ordi.
Pas étonnant : les grands maîtres, il les a beaucoup écoutés enfant – les enfants sont surprenants – avant de découvrir des esthétiques plus modernes. L'infusion qui en résulte aura donné ce mélange de chanson française au verbe grave et d'atmosphère contemporaine électro pop. Un seul EP au compteur et quelques chansons et clips (Moira Gynt) marquants : Tim Dup, entre crypto-slam et timbre aux irrésistibles inflexions, fait déjà sensation. La suite arrive. En attendant, il y a la scène comme révélateur.
Mardi 11 juillet à 19h
Camille
Il est moins facile d'accès le nouvel album de Camille baptisé OUÏ (pas de single façon Ta douleur, Gospel with no lord ou Allez Allez Allez). Un album composé autour de tambours qui n'étouffent pourtant pas l'une des plus belles voix de France – plus le temps passe plus ça saute aux oreilles. Mais il confirme une nouvelle fois ce que l'on se fait confirmer à chaque livraison depuis 2002 : Camille est une artiste immense, autant agaçante (son côté moralisatrice-perchée prend ici le dessus sur quelques morceaux) que génialement talentueuse.
Et une artiste capable de livrer des chansons belles à pleurer (Seeds, seul titre en anglais de OUÏ, ou Fille à papa, évoquant le décès de ce dernier) comme des machines vibratoires à la force incroyable – Je ne mâche pas mes mots, Twix, Lasso... Oui nous sommes fans, et alors ?!
Mardi 11 juillet à 22h
Vercors Music Festival
À Autrans du vendredi 7 au mardi 11 juillet