Théâtre / "Tous des oiseaux", le si bien huilé nouveau spectacle de Wajdi Mouawad, joue la carte de la séduction en manquant parfois de rigueur.
Il est difficile de ne pas aimer Tous des oiseaux qui signe le retour de Wajdi Mouawad au premier plan. Adulé par tout Paris pour cette création livrée à l'automne, le nouveau directeur du Théâtre de la Colline a le sens du récit. C'est indéniable. Un jeune juif annonce à ses parents que son amoureuse est une Américaine nommée Wahida. Pour ces derniers, elle n'est qu'une Arabe. Pourtant, en partant en Israël démêler les fils de son parcours bien moins monolithique qu'il n'en a l'air, Eitan se prend l'Histoire en pleine face, blessé dans un attentat.
Pour faire ces voyages entre Allemagne, États-Unis et État hébreu, l'auteur et metteur en scène a la modestie de jouer avec une scénographie simple et diablement efficace (des panneaux gris modulables) et l'excellente idée de faire entendre les langues des pays de ses personnages en fonction du lieu et du contexte où ils se trouvent. De toute évidence, le spectacle perdrait beaucoup de l'émotion qu'il véhicule à être francisé et les comédiens polyglottes défendent parfaitement ce particularisme qui est autant le leur que celui de leurs rôles.
Pourtant le bât blesse. Parce que Mouawad ne parvient pas à tailler dans sa logorrhée (interminable, lacrymale et statique seconde partie) et à éviter les lapalissades (« ce n'est pas parce qu'on se sépare qu'on se sépare »). Parce qu'à trop vouloir s'adresser à un public de non-théâtre et en livrant une série, il manque parfois de rigueur durant ces quatre heures tant ficelées, qu'apparaissent un peu trop les ficelles.
Tous des oiseaux
Au TNP jusqu'au 10 mars