Depuis qu'il vient à Lyon (Nora, en 2005, déjà aux Célestins), Thomas Ostermeier fait date au fil des saisons. Et ce Professeur Bernhardi (du 2 au 6 mai), au vu des extraits vidéos, ne devrait pas déroger à cette règle. Car l'Allemand a, une fois de plus, trouvé matière à éclairer le présent avec un texte frontal qu'il contemporanéise avec son dramaturge Florian Borchmeyer – de nombreux personnages masculins sont devenus des femmes pourr mieux coller à l'époque actuelle.
En 1912, Arthur Schnitzler, médecin comme son père, écrit la lutte d'un professeur juif interdisant à un prêtre de venir porter l'extrême-onction à sa patiente – catholique – afin qu'elle vive apaisée ses derniers moments quitte à ne pas être lavée de son péché (elle est victime d'une septicémie à la suite d'un avortement). Scandale, jugement de Bernhardi et interdiction de la pièce en Autriche du vivant de l'auteur.
La pièce est un écho assourdissant à la montée de l'antisémitisme dans ce pays et une critique acérée de la religion. Dans un décor blanc, intemporel, Ostermeier ne s'encombre de rien pour aller à l'essentiel avec sa troupe d'une densité qui nous avait encore bluffé tout récemment dans La Pitié dangereuse (cinq comédiens partagent l'affiche des deux spectacles).