Cinéma / Vaisseau amiral de la firme au coq à Lyon, le Pathé Bellecour a profité de l'été pour se doter de sa dernière innovation, une salle 4DX. La deuxième pour l'agglomération, après le Carré de Soie fin 2017 et la 25e sur la cinquantaine prévue par l'enseigne d'ici 2020 dans l'Hexagone.
Nauséeux s'abstenir. Technologie développée par la firme coréenne CJ 4DPLEX, le 4DX “repense“ l'expérience du public en sollicitant tous ses sens... à l'exception du goût. Si l'image et le son de l'écran se trouvent relayés par des effets périphériques dans la salle, la principale curiosité vient du fauteuil, digne d'un aéronef de space opéra. Montée sur vérins, l'infernale bascule, vibre, tangue ou secoue le spectateur en écho aux trépidations du film. Mais ce n'est pas tout : pour augmenter l'impression de réalité, un savant système de tuyauteries pulse qui de l'air, qui de l'eau, qui des odeurs... Tandis que des confettis neigeux tombent sur l'écran.
Bien entendu, ce procédé sensément immersif a davantage vocation à accompagner les blockbusters à sensations (Mission Impossible : Fall out l'a inauguré) que les œuvres contemplatives intimistes. Il s'agit surtout d'un produit d'appel de premier choix pour la clientèle ado-adulescente geek amatrice de jeux vidéo, pour qui la 3D, l'Imax ou le Dolby Cinema — les salles techniquement haut de gamme du circuit, présentes à Carré de Soie et Vaise — ne constituent plus des arguments suffisants. Et qui sont prêts à débourser un supplément de 6€ (8€ pour la 3D) contre, au finale, un hybride entre une séance de cinéma et une attraction dans un parc forain.
Pathé conquérant
Ce déploiement technologique vise à asseoir Pathé-Gaumont comme leader du marché, au moment où CGR (qui lui a lancé le concept de salle ICE — Immersive Cinema Experience), en pleine boulimie d'acquisitions, lui conteste sa première place d'exploitant français et où l'éternel rival UGC reste en embuscade — notamment à Lyon intra muros avec l'ouverture du mastodonte de la Part-Dieu en 2020. Dans un climat d'une morosité hurlante (mi août, la fréquentation de l'agglomération reculait globalement de 8% par rapport à 2017, et même 12% pour Bellecour), tout ce qui peut provoquer un surcroît de mouvement dans les salles est bienvenu !
En pleine recomposition stratégique, la firme au coq en a encore sous l'ergot question innovation : elle vient de lancer dans deux sites parisiens le ScreenX, procédé projetant à 270°, qui élargit l'écran en profitant des deux murs latéraux. On ne sait pas pour le moment si cette version modernisée du Cinerama d'antan s'exportera à Lyon...