Pathé Grand Lyon / S'il a pris ses fonctions dans un contexte particulier, le nouveau directeur du Pathé Grand Lyon aborde la rentrée avec un optimisme raisonnable : septembre s'annonce riche en films et la fin de l'année prometteuse en “locomotives“.
Vous arrivez durant une période singulière qui conjugue crise sanitaire inédite et changement de tous les directeurs de site. Vous avez le goût des défis...
Alexis Guillaume : C'est aussi un moment où il faut se réinventer, se souder les uns les autres. Mais ce n'est pas ce qui m'apparaît comme le plus compliqué : j'ai le privilège de succéder à Thierry Rocourt, qui menait déjà un excellent travail avec les équipes. Et j'ai rencontré ici des gens formidables qui ont envie de cinéma et de promouvoir les films. Lyon est une ville emblématique pour Pathé ; c'est aussi une terre de lumière pour le cinéma. Je suis évidemment très heureux d'y arriver, même si j'ai vécu de très belles années à Aix et Marseille.
Comment s'est déroulée la roouverture du 22 juin et l'été qui a suivi ? Les chiffres indiquent à Lyon une diminution globale de la fréquentation d'environ 67% par rapport à 2019.
Le pire pour un cinéma, c'est d'être fermé. Cette date du 22 juin était donc très importante pour nous : il fallait absolument réamorcer la machine, que les enseignes soient allumées ; être disponibles pour que les spectateurs reviennent dans les salles. Mais aussi que toute la filière reprenne, que les distributeurs replacent leurs films — car dans notre activité, nous n'avons pas la maîtrise de ce que nous vendons. On a fait tout un travail de programmation avec les distributeurs indépendants, avec Gaumont qui a pris le risque de sortir Tout Simplement Noir. François Ozon est venu présenter son très beau film Été 85. En plus de ce travail sur les nouveautés, on a accentué des cycles et des reprises sur les salles technologiques. Mais si l'offre a été qualitative et abondante (Madre, The Climb...) le succès des salles en France dépend aussi de ces films-événements principalement proposés par Hollywood. 90% du recul par rapport à août dernier s'explique par la présence de Il était une fois à Hollywood de Tarantino, Le Roi Lion, Parasite, Fast & Furious, Comme des bêtes 2...
Y a-t-il eu un “effet Tenet“ ?
On a fait un très beau mercredi avec Tenet, Effacer l'historique, Les Nouveaux Mutants, Petit Pays. Tenet a très largement répondu aux attentes, mais il manque encore 20% par rapport à la semaine équivalente en 2019. Ces locomotives, qui nous ont réellement manqué cet été, disposent d'un marché mondial : leur sortie ne dépendait donc pas de la seule seule situation sanitaire. Cela étant dit, le marché français s'est bien mieux porté que celui de nos voisins allemands ou anglais puisqu'il est soutenu par toute la richesse du cinéma indépendant.
Le circuit Pathé a accentué depuis quelques années son offre technologique (Dolby, Imax, 4DX, Onyx) valorisant l'expérience de la salle. Est-ce de nature à faire “redécouvrir” le cinéma ?
Nous croyons que l'expérience en salle de cinéma passe aussi par certains films qui s'y prennent par ces technologies-là. Quand je me suis assis dans la salle Imax et que j'ai vu les images de Tenet avec le son 11.1, je n'étais pas à la maison, mais au cœur du film, plongeant dans ce que Nolan voulait nous offrir. Il faut apporter davantage au spectateur sur ces films-là pour qu'il ait envie de voir les films en salle. Il n'y a pas un autre endroit qu'une salle où l'on peut avoir toute l'attention, toute la concentration dédiée à ce qui passe à l'écran. La salle permet la rencontre entre l'œuvre et le spectateur. De fait, Tenet en Imax fait 25% de ses entrées au Pathé Carré de Soie.