Psychanalyse / Trente ans après sa disparition, Caroline Eliacheff publie une courte biographie de Françoise Dolto. Un livre aussi simple que roboratif qu'elle viendra présenter à la Villa Gillet.
Dans les années 1960-1970, Françoise Dolto (1908-1988) a connu un succès médiatique exceptionnel pour une psychanalyste. Et ce, notamment à travers des émissions radio où elle répondait aux interrogations concrètes des auditeurs à propos de leurs enfants. Depuis, elle a largement et étrangement disparu des radars : médiatiques, universitaires, bibliographiques... Amie proche de sa fille Catherine Dolto, la psychanalyste Caroline Eliacheff ressuscite Dolto en une petite biographie passionnante et originale.
L'auteur a en effet choisi de raconter la vie et l'œuvre de Dolto à partir d'une journée imaginaire de la psychanalyste, de 7h du matin à 23h le soir. En seize heures et deux-cent trente pages, tout est dit avec simplicité et bienveillance : la personnalité de Dolto, les grands axes de sa pensée, sa manière de travailler auprès de ses patients et de ses collègues, ses tribulations médiatiques, la mise en place en 1979 d'une première et fameuse Maison verte, lieu d'accueil, d'écoute et de parole pour les familles et les très jeunes enfants.
La cause des enfants, la cause de Dolto
Il émane du livre une fraîcheur et une liberté de pensée qui mettent du baume au cœur en ces temps où la psy est beaucoup réduite à une chimie des humeurs, des "dys" à foison, des circuits neuronaux et des rectifications cognitives visant à ce que l'individu s'adapte... s'adapte à on ne sait quoi d'ailleurs ?
Avec Dolto, pas de politique de normalisation ni d'adaptation, mais au contraire, une lutte acharnée en faveur du "sujet". Il y a du sujet, de la pensée et de la signification chez tout être humain selon Dolto, même chez le bébé (d'où aussi sa proximité avec une certaine foi religieuse, revue et corrigée à sa sauce). « Ce n'est pas parce qu'il n'émet pas des paroles que le petit enfant ne les réceptionne pas : si les finesses incluses dans le langage lui échappent encore, il en appréhende le sens grâce à son intuition directe de la personne qui lui parle... Il comprend les langues parce qu'il comprend la langue de la relation affective à sa personne, et des relations de vie et de mort qui l'entourent » écrivait Dolto dans La cause des enfants en 1985 (citée par Eliacheff). La cause des enfants, sa cause, ça cause.
Caroline Eliacheff, Françoise Dolto, une journée particulière (Flammarion)
À la Villa Gillet le mercredi 17 octobre