Opéra / La saison 2018-2019 de l'Opéra de Lyon s'est ouverte vendredi dernier avec Mefistofele d'Arrigo Boito, un opéra peu représenté et qui était donné pour la première fois sur la scène lyonnaise.
Compositeur et poète italien, Arrigo Boito est bien plus connu pour avoir écrit les livrets d'Otello et Falstaff, les derniers chefs-d'œuvre de son compatriote Giuseppe Verdi, que pour son œuvre personnelle.
Il serait dommage de passer à coté de cette partition un peu maudite : l'ambition de Boito était de coller au plus près du texte de Goethe et d'explorer les questions métaphysiques que Faust soulève sur le bien, le mal et l'humanité. Une entreprise ardue qui lui vaudra des critiques cinglantes lors de la première en 1868, et même après sa réécriture en 1875.
Musicalement, il y a de très belles choses dans cet opéra et le chœur et l'orchestre de l'Opéra de Lyon ont su rendre hommage à ce Mefistofele. Lors du final du prologue et de l'épilogue, le chœur fait vibrer la salle entière par sa puissance vocale. À la fin du deuxième acte pour la nuit de sabbat, la fugue infernale nous transporte avec une frénésie telle qu'on aimerait que cela dure encore. Sur scène, la basse John Relyea incarne un Mefistofele déchiré, faisant le mal mais n'y trouvant aucune satisfaction. Dans la fosse, il semble qu'au fil des opéras, une synergie s'installe entre l'orchestre et le chef Daniele Rustioni, car tout paraît clair et simple tout en étant fougueux et passionné.
Les réserves de cette première s'orientent plutôt vers la mise en scène. On retrouve l'esthétisme d'Alex Ollé de la compagnie catalane La Fura dels Baus qui nous a enchanté à plusieurs reprises. Pris indépendamment, chaque tableau est un petit bijou qui fait sens. Mais juxtaposés, ils perdent en cohérence et égarent le spectateur dans les méandres d'un rêve fou que seul Mefistofele peut comprendre. Ceci est notre seul regret car la soirée d'exception n'était pas si éloignée.
Mefistofele
À l'Opéra de Lyon jusqu'au 23 octobre