Il y a quelque chose de fascinant chez Merce Cunningham (1919-2009) et qui découle d'un apparent paradoxe. Chantre du hasard et de la liberté, le chorégraphe était aussi d'une exigence inouïe, voire draconienne, quant à la précision des mouvements. Chez lui, il est possible à la fois de tirer des séquences et des mouvements à coups de dés, et de défier les capacités techniques et virtuoses des danseurs ! C'est le cas par exemple avec sa pièce emblématique pour six interprètes, Summerspace, créée en 1958, où l'ordre des mouvements est tiré au sort, et où la chorégraphie de Cunningham, le décor et les costumes du célèbre plasticien Robert Rauschenberg, et la musique de Morton Feldman ont été conçues indépendamment. Le tout est une ode au déplacement et à la traversée, qui refuse aussi toute centralité de l'action. Chaque danseur est un "centre" potentiel de la pièce. « L'univers est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part » disait en substance Pascal.
Summerspace était entrée au répertoire du Ballet en 2012, et et la soirée sera complétée par une nouvelle transmission, avec Exchange que Cunningham créa en 1978 avec le compositeur David Tudor et l'artiste Jasper Johns. Une pièce en trois parties à l'atmosphère urbaine, jouant sur la répétition et la variation de points de vue sur une même séquence de mouvements.
Summerspace + Exchange
À l'Opéra de Lyon du 9 au 11 novembre