Drame / De Mia Hansen-Løve (Fr, 1h45) avec Roman Kolinka, Aarshi Banerjee, Alex Descas...
2012. Tout juste libéré d'une prise d'otages en Syrie, Gabriel, un reporter de guerre français, décide d'aller se “mettre au vert“ seul dans la maison de son enfance, à Goa. Sur place, il retrouve son parrain Monty et fait la connaissance de sa fille, Maya...
Le cinéma de Mia Hansen-Løve raconte souvent des épopées élégiaques à périmètre intime, où les protagonistes mènent avec opiniâtreté leurs combats ordinaires, loin des champs d'honneur romanesques. En étant reporter de guerre et ex-otage, Gabriel incarne une forme superlative d'héroïsme dans l'imaginaire populaire ; cependant, la cinéaste nous fait entrer dans sa vie “après la bataille“ du feu, la plus évidente, au moment strict où va débuter celle, invisible, de la reconstruction intérieure. Maya se trouve donc être une quête post-traumatique autant qu'un cheminement résilient ; en cela, il rappelle le formidable Le Père de mes enfants, où Mia Hansen-Løve tentait de cerner un autre passionné dévoré par son métier, oscillant entre deux fuites : l'une intérieure, l'autre en avant.
Dépaysante au sens propre du terme, la parenthèse que s'octroie Gabriel a tout d'un pèlerinage aux racines de son existence — puisqu'il va à la découverte des lieux de sa conception et renoue avec sa mère —, d'une purification (sans Gange) ou d'une remise à zéro sensorielle. Une parenthèse qu'il s'empressera de refermer quand scintillera la première étincelle de chaos, ce carburant dont il se nourrit avec avidité, et qui ne peut supplanter la beauté recueillie des temples éternels ni celle plus terrestre de Maya...