Classique / Le prestigieux Orchestre Philharmonique de Vienne jouera à Lyon la 9e Symphonie de Mahler. Ultime symphonie achevée du compositeur qui tente d'y concilier les puissances contradictoires traversant l'existence humaine.
C'est un paysage tendre et délicat, serein et baigné d'air léger, que commence à dépeindre Gustav Mahler dans le premier mouvement de sa Neuvième Symphonie. Mais cette rêverie soyeuse se voit soudain déchirée par de véritables soulèvements éruptifs, emportée par de violents tourbillons de cordes et percussions... Peut-être par ces « forces qui à la fois nous composent et nous déchirent », selon l'expression du poète Yves Bonnefoy, ces montées disruptives qui sont aussi bien chez Mahler élan vital que foudroiement mortel.
Dans une de ses lettres, le compositeur Alban Berg écrit à propos de la 9e de Mahler : « le premier mouvement est le plus admirable qu'il ait jamais écrit. Il exprime un amour inouï de la terre et son désir d'y vivre en paix, d'y goûter encore la nature jusqu'à son tréfond, avant que ne survienne la mort... Tous les rêves terrestres trouvent ici leur apogée, surtout à ces moments effrayants où l'intense désir de vivre atteint à son paroxysme, où la mort s'impose avec le plus de violence. »
Un finale apaisé
Suite à des difficultés cardiaques, Mahler se plaignait à 49 ans de ne plus pouvoir pratiquer ces « sports violents », nécessaires pour son travail, qu'étaient pour lui la nage, l'escalade, le canotage, les excursions à bicyclette. Cet exercice physique, il le pratiquera du coup à même sa partition, pendant les étés 1909 et 1910, dans sa cabane en bois au milieu des sapins dans le Tyrol du Sud. Après son somptueux premier mouvement, le compositeur se laisse aller, dans le deuxième puis le troisième, à davantage d'humour grinçant et d'ironie virtuose, se référant notamment au "Länder", sorte de valse rustique et campagnarde de la Haute-Autriche. Le finale retrouve la gravité initiale, déclinant un motif dépouillé, et tendant vers une forme d'harmonie, de réconciliation entre l'humain et la nature. Plus la musique se fragmente et se raréfie dans ce finale, plus l'émotion monte en intensité.
Symphonie n°9 de Gustav Mahler, par l'Orchestre Philharmonique de Vienne
À l'Auditorium le dimanche 17 février