Restaurant / Après la fermeture il y a plus d'un an d'A la piscine, Thomas Rolland et Benjamin Sanchez rebondissent près des Terreaux avec Regain. Dans un espace presque chic, ils envoient un menu déjeuner bien roulé.
2018. Le festival Attable, co-organisé par Arty Farty (Nuits Sonores) devait envoyer le signal au reste du monde d'une cuisine lyonnaise à nouveau « dans le coup ». L'événement désignait le 7e arrondissement comme l'épicentre d'un tremblement gastronomique en cours. La Piscine du Rhône abritait alors un superbe spot accueillant de jeunes chefs étrangers qui dépotent, souvent à peine extirpés de restos bien placés au 50 Best (classement mondial, dont Andrea Petrini, l'ancien sélectionneur de À la Piscine fut l'un des chairman). Au quotidien, la bouffe était envoyée par Benjamin Sanchez (étudiant en relations internationales, reconverti cuistot, passé par le Café Sillon — décidément !) et Thomas Rolland (en salle). Le navire a fait naufrage, et on retrouve les deux jeunes gens, plus d'un an plus tard, pour l'ouverture de Regain — l'herbe qui repousse, après la première fauchaison.
Des tranches de rutabaga
Autre quartier : le 1er, rue d'Algérie, voisinant Sofa Records (des vinyles !, décidément...). À un angle de rue vitré, clair, dans une ambiance bourgeois-décontracté. Première visite : le menu dej', à 24€ (c'est le déconfinement des additions) vaut le coup de fourchette. Parlons de cette entrée : une tielle. C'est magnifique une tielle, cette petite tourte farcie de sauce tomate aux calamars, sauf que ça n'existe qu'à Sète (chez Sophie Cianni, au bord du canal), donc ici c'est sous la forme d'un ravioli ouvert, pâte à l'encre de sèche, farce au poulpe et au vin. Ça ouvre vers la Méditerranée, les vacances : c'est parfait.
Une description dit : « la cuisine de Benjamin [Sanchez] n'est pas identitaire. Elle n'a qu'un terreau, le mélange. » On signe des deux mains, surtout en ce moment. Et donc on continue, avec un filet de leiche (parlons provençal, les messieurs viennent de là-bas), superbe, avec un lait de brebis et des tranches de rutabaga, confites dans des feuilles de figuier. On est plus sceptique quant au dessert, un clafouti, petit, rajeuni par une crème anglaise à la fleur de sureau, et sorbet au cassissier. Il y a des desserts qui souffrent d'être "revisités" (rendez-nous les noyaux !). Mais on pardonne, car on est heureux de sentir l'air de la grande bleue. Et parce que la troisième laronne, Lolita Chevreau, sommelière, enserre l'ensemble de sa joie : le sud, encore.
Regain
3 rue d'Algérie, Lyon 1er
T. 09 81 10 65 08
Du lundi au vendredi ; de midi à 14h et de 19h à 21h30