Attention, ne pas s'effrayer d'une amorce de spectacle très théorique. Où il est question des « lois des fragments », de la circulation des acteurs, du silence qui est aussi une « matière ». C'est après l'énonciation de quelques définitions que commence véritablement un spectacle remarquablement écrit par Matthieu Loos qui se met en scène également (Arthur Fourcade l'épaule) avec quatre autres acolytes. Le 23 novembre 1944, Charles meurt le jour de sa libération en Pologne. C'est le grand oncle de l'auteur, nouvellement par ailleurs, co-directeur du théâtre du Ciel (voir page 2). Mais ce Malgré-Nous enrôlé dans l'armée allemande vit encore au théâtre et il s'interpose dans le procès de Robert Wagner, représentant nazi en Alsace durant la guerre et qui sera condamné à mort en 1946 – ce proche d'Hitler, anéanti par le suicide de son épouse s'est rendu aux Américains. Avec, sur le plateau, une longue table et quelques chaises, Matthieu Loos parvient à produire un théâtre de procès impeccable dans lequel l'histoire se kaléidoscope avec un récit plus linéaire que fragmentaire même s'il se joue du réel. La question de la responsabilité hante ce travail mémoriel très intime qui s'inscrit dans une région ballotée entre France et Allemagne où rien ne peut être binaire : Charles Loos est-il traitre quand il exerce comme instit' en Allemagne ? Est-il un héros de l'autre côté ? Choisir c'est selon lui « vandaliser son identité ». Son petit-neveu lui restitue son intégrité tout en exposant sans didactisme une partie de notre histoire commune.
La Théorie des fragments
Au théâtre de L'Elysée, du 6 au 10 juin