Sélection / Rentrée traumatique ? Voici dix propositions en guise de viatique afin de pallier la rudesse de la reprise, entre sons progressifs, ambiances rétro, traversées mélancoliques et hypnotiques, délices pop et hybridations méditerranéennes. Avant de clore le mois entre les ondulations silencieuses de St Kilda et la voix légendaire de Bernard Lavilliers.
Symphony X + Edge Of Paradise
Sounds like hell propose de plonger dans les vagues progressives des New-Jerséyens Symphony X qui fêtent cette année leur trentième anniversaire d'existence. Malgré l'absence des nouveaux titres depuis le massif Underworld de 2015, le groupe de Michael Romeo reste une des références incontestables du metal néoclassique et symphonique. Dans l'attente du dixième opus, les fans de Symphony X peuvent combler ce manque avec la plénitude d'un concert balayant une discographie épique magnifiée par la voix de Russell Allen.
À La Rayonne (Villeurbanne) le mardi 10 septembre à 19h ; de 31, 63 à 34 euros
Axis: Sova
Vortex hypnotique aux sonorités sixties, la musique de Axis: Sova soulève et désintoxe. Du garage rock psyché enlacé dans du velours glam, où l'élégance s'incarne dans le mystère d'une voix sournoise, pendant que le trio guitare/basse/batterie dépeint une fresque sonore compacte et rassurante. Si la production de leur dernier Blinded by oblivion a été assurée par le génie de Ty Segall, toute la discographie du trio de Chicago témoigne d'une rigueur compositionnelle alliant recherche et délivrance. Du pur bonheur.
Au Trokson (Lyon 1er) le mercredi 11 septembre à 20h45 ; gratuit
Richard Hawley
Ancien membre de Longpigs et Pulp, Richard Hawley est indéniablement un des plus importants musiciens anglais de sa génération. Avec ses dix albums, le chanteur et guitariste de Sheffield a su bâtir un édifice musical admirable, où l'élégance de sa pop baroque (quelque part entre Roy Orbison et Mercury Rev) se teint de mélancolie (Not the only road) mais aussi de rock majestueux (sur You & I avec Arctic Monkeys). L'opus In this city they call you love célèbre la voix de crooner de Hawley, avec sa légèreté de rêve (Prism in jeans), des ballades mélancoliques et flegmatiques (Heavy rain, Hear that lonesome whistle blow) et des confessions s'articulant dans la discrétion de la nuit (People).
À l'Épicerie Moderne (Feyzin) le jeudi 12 septembre à 20h30 ; de 7 à 24 euros
Karkwa
Quatre albums en sept ans, puis un long hiatus interrompu (fort heureusement) à la fin de l'année dernière par Dans la seconde, œuvre lumineuse et baroque alliant art rock, pop et post rock. En ce mois de septembre les cinq Québécois reviennent régaler leur public français avec une mini tournée. Lyon s'apprête donc à accueillir leur pop raffinée au fort pouvoir onirique oscillant entre les évocations beatlesiennes et radioheadiennes, sans jamais renier les atmosphères planantes des origines qui ont fait de Karkwa un groupe culte de la musique francophone.
Au Théâtre de l'Odéon (Lyon 2e) le jeudi 12 septembre à 20h30 ; de 15 à 21, 50 euros
Twin Tribes + Wingtips
Le Rock n'Eat consacre une soirée aux romantiques nostalgiques des sonorités obscures et synthétiques des années 80. L'electropop de Wingtips, duo composé par les Chicagoans Vincent Segretario et Hannah Avalon, assurera la première partie avant de laisser la scène au fabuleux Twin Tribes. La puissance de l'anachronisme radical de son esthétique provoque un phénomène magique d'effacement temporel, propulsant auditrices et auditeurs à l'époque de Depeche Mode, Joy Division, The Sisters of Mercy et Bauhaus. Parmi les plus éminents représentants du revival du dark wave, Luis Navarro et Joel Niño Jr. proposent un minimalisme froid saturant les atmosphères du groupe, se révélant particulièrement efficace dans des morceaux comme Fantasmas, véritable earworm jouissif et cathartique.
Au Rock n'Eat (Lyon 9e) le jeudi 12 septembre à 20h ; de 15 à 18 euros
Suuns + Erika Angell
Auteurs d'œuvres organiques de rare intensité, Suuns produit depuis une quinzaine d'années des albums aux textures synthétiques et rythmes circulaires, façonnant des bains lysergiques qui fusionnent douceur et aspérité. L'axe fort du concert feyzinois sera incarné par The Breaks, le septième album du groupe canadien dont la sortie est prévue pour le 6 septembre. Afin de faire monter la température, Suuns a récemment publié Doreen, Ouverture et The Breaks, trois singles dépeignant des trajectoires évanescentes, constituées de vapeurs dream pop et d'une electro très aérienne. Métamorphosant le krautrock à sa guise, Suuns entrelace pop et Daft Punk, paysages oniriques et lyriques cauchemardesques, atteignant un langage à lui propre, se soustrayant de l'exercice définitoire.
À l'Épicerie Moderne (Feyzin) le dimanche 15 septembre à 20h30 ; de 7 à 23 euros
William Tyler + Nhi — Concert annulé
Pour la nuit de la Saint-Valentin, le Sonic avait offert aux amoureuses et amoureux (de l'American primitivism) un concert avec l'un des plus belles âmes du genre, Hayden Pedigo. Quelques mois plus tard, la rentrée musicale de la péniche cinabre est marquée par le concert inratable de William Tyler, autre figure de proue du genre élaboré par le génie de John Fahey. Ancien membre de Lambchop et de Silver Jews, le guitariste de Nashville a déjà à son actif six albums et un live, parmi lesquels Modern Country de 2016, chef-d'œuvre incontestable fusionnant rêve, psychédélisme clairvoyant et percées vertigineuses dans l'histoire de la folk étasunienne.
Au Sonic (Lyon 5e) le jeudi 19 septembre à 20h ; de 12 à 13 euros
Sarāb
La maxime de Melville selon laquelle « Ce n'est inscrit sur aucune carte ; les vrais endroits ne le sont jamais » se prête parfaitement à illustrer la musique de Sarāb (« mirage » en arabe). Hybride de jazz contemporain et de musiques traditionnelles syriennes et égyptiennes, le sextet fondé par la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan et le guitariste Baptiste Ferrandis, donne lieu à un univers sonore sinueux et intrigant dont l'écoute ne laisse pas insensible. Insituable sur une imaginaire cartographie musicale, dans ce vrai endroit Sarāb convit Magma et Frank Zappa, les Balkans et le Moyen-Orient, le rock et la poésie : profusion de formes sublimement ourdies dans l'album Arwāh Hurra.
Au Périscope (Lyon 2e) le jeudi 19 septembre à 21h ; de 8 à 13 euros
St Kilda, les îles du silence. Une échappée sensible au bout du monde
La fascinante histoire de St Kilda, archipel écossais faisant partie des Hébrides extérieures, et notamment de son île principale, Hirta, sont au cœur de la perambulation imaginée par François Mardirossian (piano), Camille Rhonat (paysages sonores), Richard Robert (récit) et Nicky Bruckert (vidéo). Un voyage entre remémoration et fiction, témoignage et poésie, visant à reconstruire l'histoire de cet endroit coupé du monde. Si grâce au rôle capital joué par Trevor Morrison, dernier élève d'un professeur de piano ayant habité sur l'archipel, diverses chansons traditionnelles jouées à St Kilda ont pu être transmises à la postérité, le quartet Mardirossian/Rhonat/Robert/Bruckert se chargera d'articuler un discours empreint de beauté et silence.
À l'Amphi de l'Opéra de Lyon (Lyon 1er) le mercredi 25 septembre à 20h ; de 12 à 15 euros
Bernard Lavilliers
L'année dernière la publication de Métamorphose avait fait brèche dans nos cœurs. Le choix de revisiter symphoniquement treize perles choisies de son répertoire cinquantenaire et d'enrichir cette collection d'un inédit, La Bandiera Rossa, hommage à l'ami Reggiani, apparaissait comme un défi cinématographique parfaitement réussi. Pendant deux soirées à l'Auditorium, le Stéphanois retrouvera l'Orchestre national de Lyon sous la houlette de Bastien Stil assurant ainsi une restitution majestueuse du dernier disque du baroudeur de la chanson française.
À l'Auditorium (Lyon 3e) le jeudi 26 et le vendredi 27 septembre à 20h ; de 29 à 69 euros