C'était comment le XXIᵉ siècle ?

Que restera-t-il du XXI^e siècle ? Trois acteurs se le demandent depuis une époque bien postérieure, la leur. Et ils le font sans déluge de nouvelles technologies. Point de Tesla, Netflix ou de casque connecté. En plein air, avec une enceinte, un micro, un piano et 46 cailloux posés au sol comme autant de « fragments », Arthur Amard, Rémi Fortin et Blanche Ripoche incarnent sur scène ce qu’ils ont imaginé avec leur quatrième acolyte Simon Gauchet : les rites d’un temps lointain.

Restituer le monde a peu à voir avec le beau

C’était quoi un baiser ? Que signifiait la notion de temps, d’années ? Et le foot ? Et même le théâtre ? Puisque tout leur est inconnu, il faut simplement les décrire et décomposer, par exemple le plissement des lèvres, l’approche vers une autre bouche. Il y a dans ce travail de ces jeunes trentenaires formés dans les écoles nationales supérieures de Rennes, Strasbourg, et Saint-Étienne, un souci du détail qui les protègent de toute esbroufe. Restituer le monde a peu à voir avec le beau comme l’affirme leur titre volontairement trompeur. Mais dans cette construction à priori basique et ras du plateau, Le Beau monde est aussi une réflexion profonde non pas sur l’absurdité de notre époque (ç'aurait pu mais ç'aurait été un peu court et attendu) mais sur la notion même de « devoir » de mémoire et la puissance de l’imaginaire qui se nourrit précisément de la mémoire. Au point que cela ne peut que tendre vers la pensée politique. L’acte de propriété ? Mieux vaut oublier ce rituel, disent-ils avec un calme désarmant dans un spectacle par ailleurs souvent absurde et drôle qui leur a valu d’être lauréat du prix Impatience en 2022, le plus prestigieux en matière d’émergence théâtrale en France.

Le beau monde
Du 26 au 28 septembre au théâtre de la Croix-Rousse ; de 6€ à 29€

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