Dix expos à ne pas manquer à Lyon en octobre

Sélection / Une sélection 100% "entrée libre" pour l’habituel rendez-vous mensuel avec les meilleures expositions de la ville. Entre hommages nécessaires et célébrations amicales, silences introspectifs et spirituels, expérimentations photographiques et passions expressives, le mois d’octobre s’annonce particulièrement riche en expériences esthétiques. 

L’important c’est (vraiment) de durer

Côtoyant la vie fourmillante du Vieux-Lyon, l’Atelier Perrine Lacroix trace un espace de recherche saisissant, dont les rares ouvertures au public coïncident avec des évènements mettant en mouvement une pensée autrement stagnante. Pour cette nouvelle occasion, cinq artistes (Perrine Lacroix, Max Sister, Gaël Lévêque, Leïla Vilmouth, Fantine Lacroix) se mesurent avec l’œuvre et l’héritage de Jean-Luc Vilmouth, sculpteur profondément poétique décédé en 2015 qui place la relation entre l’être humain et l’objet au cœur de sa recherche. Une confrontation féconde, donnant vie à cinq formes d’appropriation de l’espace qui entrent en résonnance et provoquent des dialogues inattendus et intenses.

Vue de l'exposition "L’important c’est (vraiment) de durer" © DR

À l’Atelier Perrine Lacroix (Lyon 5e) jusqu’au samedi 12 octobre


Mathieu and I par Mathieu Iquel et Thierry Bounan

L’amitié selon le philosophe Giorgio Agamben est « l’instance de con-sentir l’existence de l’ami dans le sentiment de sa propre existence » : ces mots semblent résonner dans la salle d’exposition de la galerie sertie au cœur du quartier d’Ainay. Sur les murs, les interventions picturales et les collages de Mathieu Iquel entrent en relation avec les photographies de Thierry Bounan ; la discrétion des premières côtoie l’apparente simplicité des deuxièmes et ce dialogue esthétique, nourri par l’étroite amitié entre les deux passionnés d’art, s’embrase et fascine. Loin d’être une simple juxtaposition d’images, chaque diptyque se dévoile comme un monde en soi, structurant un réseau de renvois infini, où le mot "ami" tintinnabule délicatement.

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Vue de l'exposition "Mathieu and I" © DR

À la galerie Autour de l’image (Lyon 2e) jusqu’au samedi 12 octobre


Peintures par Maurice Rocher

« L’Expressionnisme n’accepte pas la demi-mesure, il dévore, il tue parfois, il est pur et nu » écrivait Maurice Rocher en 1988. Un axiome qui se prête parfaitement à décrire l’œuvre de l’artiste originaire d’Evron, dont on retrouve les vitraux aujourd’hui dans des dizaines d’églises françaises. Jusqu’au 19 octobre, la galerie Ories offre la possibilité de redécouvrir l’œuvre picturale d’un expressionniste sincère et puissant, axée sur les corps et les visages pris dans un mouvement de défiguration, qui évoque les monstres sacrés de Soutine et Bacon.

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 Maurice Rocher, Couple n° 178, 1988, 89x116 cm © DR

À la galerie Ories (Lyon 2e) jusqu’au samedi 19 octobre


Dérives

Poursuivant le travail de découverte des collections des galeries françaises et internationales, Manifesta a convié pour ces prémices automnales la galerie parisienne Binome. Réunissant quatorze artistes en lien avec le territoire, Dérives décline un panorama d’efforts autour du médium photographique. La céramique, les vitraux, le marbre, le verre et le textile participent à la prise sur le réel articulant une confrontation entre mémoire personnelle et collective, histoire réelle et fiction, témoignage documenté et acte performatif et fortuit du public. La photographie est bien vivante et Dérives en est une attestation précieuse.

Vue de l'exposition "Dérives" © DR

À Manifesta (Lyon 1er) jusqu’au vendredi 25 octobre ; gratuit


Peintures par Christophe Marion

L’œuvre picturale de Christophe Marion est consacrée à la description minutieuse de l’atmosphère voilée d’un quotidien ordinaire. Sillonnant les pièces de la maison, s’arrêtant dans l’atelier ou isolant les détails d’un intérieur à travers des gros plans saisissants, l’artiste lyonnais semble établir, par sa démarche personnelle et intime, la grammaire d’une mélancolie lumineuse, constituée d’absence et de souvenir, mais également de quiétude ascétique et de bonheur simple. Ses intérieurs, fragments minimes dépourvus de toute énigme, agissent sur le continuum temporel comme des panacées, recours ultime pour les esprits agités.

Christophe Marion, Le grand atelier, huile sur toile, 100 x118 cm © DR

À la galerie Jean-Louis Mandon (Lyon 2e) jusqu’à jeudi 31 octobre


Co-existences par Numa Droz

La Petite galerie Françoise Besson se transforme jusqu’à la Toussaint en écrin enfermant une collection lilliputienne – et démesurée. Presque 200 œuvres de (très) petit format de l’artiste rennois Numa Droz délimitent discrètement les contours d’une pensée profondément introspective. Si la présence humaine semble créer une constellation de moments intimes, d’images urbaines et quotidiennes empreintes de mélancolie, les paysages solitaires évoquent de leur côté le sentiment pacifique d’une nature créatrice, en mesure de côtoyer tant l’élégance de Hans Rottenhammer que celle d’un serein minimalisme.

Numa Droz, Nocturnes © DR

À la Petite galerie Françoise Besson (Lyon 1er) jusqu’au samedi 2 novembre


Peintures par Thierry Loulé

L’art de l’artiste franco-portugais Thierry Loulé libère la figuration de ses chaînes strictes, combinant jeu et recherche : les signes, tranchants et fendant la surface, semblent émerger du fond du chaosmos coloriste et puissant de l’œuvre. Ils sont porteurs de secrets ancestraux et ce legs transforme leur apparence au point d’incarner, grâce à une sédimentation symbolique et matérielle, le lieu de l’histoire de l’humanité. Les visages se métamorphosent ainsi en masques et les corps en statuettes votives, bordant les figures de Baj, les personnages de Calvino, le geste de Basquiat ou l’élégance inquiète de Soutine.

Thierry Loulé, La pépette, 116x89 cm © DR

À la galerie Estades (Lyon 1er) jusqu’au samedi 9 novembre


Presque

Pour sa huitième session, le Cabinet de curiosités de la galerie Valérie Eymeric voit le projet de la commissaire Juliette Belleret se déployer avec rigueur et incantation. La Wunderkammer de l’ancienne rue Saint-Joseph, convoquant le sens du toucher, met en relation huit artistes (Ismaïl Bahri, Dylan Caruso, Anna Coulet, Nicolas Daubanes, Albane Hupin, Erwan Keruzoré, Meriem Kribab et Lucie Monty Brunel) effleurant les bords d’une pensée en acte, d’une poésie haptique, discrète, mais résistante et permettant ainsi de réapprendre la relation entre l’œuvre d’art et la vie.

Meriem Kribab, Sans titre, 2022, photographie numérique couleur, tirage sur papier © DR

Au Cabinet de Curiosités de la Galerie Valérie Eymeric (Lyon 1er) jusqu’au samedi 16 novembre


Like night needs morning par Anthony Cudahy

Première exposition dans un centre d’art français de l’artiste new-yorkais Anthony Cudahy, Like Night Needs Morning est une réflexion intime au cœur de l’histoire de l’art. Parcourant les dessins grand format, les peintures, ainsi qu’une vidéo inédite et la sélection de publications et d’autopublications, ce qui frappe ici c’est le dialogue étroit entre la sphère personnelle, tissée d’amour et de relations, et les artistes et les œuvres qui ont parsemé l’humanité de beauté. Le travail de Cudahy se charge de cette manière d’une réactivation signifiante, problématisant de formidables archives queer construites avec minutie et abnégation.

Anthony Cudahy, Holding a lion, acrylique et huile sur toile, 122x91.4x3.2cm, 2024, Photo JSP Art Photography, Courtesy de l’artiste et de Semiose, Paris

Au CAP - Centre d'art de Saint-Fons jusqu’au samedi 23 novembre


Mondes nomades par Xiaojun Song

Avec Trames, le Nifc propose un intrigant parcours en cinq étapes, dans cinq lieux emblématiques du Rhône. Parmi les événements présentés, l’exposition personnelle de Xiaojun Song, Mondes nomades, investit puissamment le siège de l’Institut dans le quartier de Saint-Irénée. Les traits de pinceau de l’artiste s’enroulent en volutes créant un mouvement infini de renvois, de relations et de liens. Un exercice spirituel discret mais intense, excédant parfois les limites imposées par la peinture et se matérialisant en sculptures qui serpentent sur les poteaux de la salle ou en sobres fleurs métalliques, en guise de sinogrammes disposés par terre et offerts à la rencontre avec l’autrui.

Xiaojun Song, Méditation Rouge,  2024  © DR

Au Nouvel institut franco-chinois (Lyon 5e) jusqu’au vendredi 30 novembre

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