Interview / Le GHB n'est pas le premier moyen de soumission chimique utilisé par les agresseurs. La plupart des cas de soumission chimique n'arrivent pas en contextes festifs. Autant de stéréotypes battus en brèche par le travail d'enquête de Félix Lemaître La nuit des hommes. Rencontre.
42, 6 % des cas de soumission chimique se déroulent dans le cadre privé, contre seulement 19, 5 % dans des contextes festifs. Cela remet en question l'idée reçue selon laquelle le GHB serait le fléau des bars et des boîtes de nuit. Des révélations qui proviennent de l'enquête percutante du journaliste Félix Lemaître, présentée dans son essai La nuit des hommes, publié en septembre dernier aux éditions JC Lattès.
Felix Lemaître a débuté son travail d'enquête en 2022. Il était alors journaliste musical pendant la polémique des piqûres sauvages, le motivant à s'intéresser à la soumission chimique. Il a écumé les bars et boîtes de nuit, testé le GHB et a fini par s'installer dans les bureaux du Nouveau détective pour éplucher leurs archives. Son investigation révèle un phénomène de société où les victimes connaissent souvent leurs agresseurs et où le GHB n'est pas la substance prédominante.
Les médicaments, instruments majeurs des soumissions chimiques
Selon les rapports de l'Agence nationale de sécurité du médicament, le GHB n'est impliqué que dans 9 % des cas de soumission chimique, tandis que les médicaments représentent 56 % des incidents. On retrouve en deuxième position la MDMA puis l'alcool arrive en troisième place.
Dans un contexte d'actualité brûlante — affaires Gisèle Pélicot, P. Diddy, Châteauroux — Félix Lemaître souligne l'urgence de revisiter les affaires de violences sexistes et sexuelles avec cette nouvelle perspective. Il considère aujourd'hui que la soumission chimique est une arme de domination masculine.